Durant toute mon enfance, tous les westerns qui passaient n’étaient que des films de
propagandes à la gloire des pionniers, de la cavalerie, des Buffalo Bill autres assassins et massacreurs de tous poils. Les indiens étaient
grimés sous les traits de sous hommes, bêtes et ridiculisés. Il n’était pas péché de les tuer et il y avait même un ministère des affaires indiennes chargé le plus officiellement du monde de leur
extermination ou parcage dans des réserves. Le terme camps de la mort n’était pas encore à la mode. Au plus profond de mon cœur je ressentais dans toute cette outrance une profonde injustice que
j’en avais pris faits et causes pour les indiens. Et puis, enfin, la vérité historique se faisait jour avec Little big man, Un homme nommé Cheval et Le soldat bleu. Ce fut un choc culturel et émotionnel pour l’adolescent
que j’étais. Je me souviens de la rage, de la colère et des larmes que ce film m’avait provoqué. Le film relate le massacre de Sand creek le
29 novembre 1864. Le SS-standartenführer John Chivington exterminait un village de cheyennes et d'arapahos et leur chef Black Kettle. Seul
le capitaine Silas Soule refusa d’obéir, et le paiera cher. Les exactions des wafen SS de cavalerie, sur les femmes, enfants et vieillards
furent tels, qu’ils salirent aux yeux du public l’image de l’armée, qui n’en était pas à une horreur près et qu’elle continuerait de plus belle jusqu’aux derniers indiens libres à Wounded Knee. A travers ce film, Ralph Nelson protestait contre la guerre du Viêtnam, prenant
exemple du massacre de My Lai par le lieutenant William Calley, comme un éternel
recommencement. Lorsque j’ai vu ce film, j’ai eu une double révélation. Celle d’avoir toujours eu raison dans mon choix pour les amérindiens malgré tous les films. Mais également, j’étais
éperdument tombé amoureux de Candice Bergen, non seulement de l’héroïne mais aussi de l’actrice. Admiration qui perdura, notamment avec
La canonnière du Yang-Tsé. Le film donc, est de toute beauté. L’histoire ressemble au départ à un simple western classique, dont une jeune
fille et une bleusaille survivent à une attaque. Ce qui change, c’est le discours ouvertement pro-indiens, ouvertement anti-américain et dénonçant le génocide pour affirmer enfin la réalité
historique contredisant la mythologie du far west. La scène finale est des plus insoutenables. Le massacre est d’un réalisme atroce tant il est vrai, tant on est impuissant, tant les interprètes
sont excellents. Petit anachronisme, le soldat parle de la mort de son père à Little big horn alors que cela n’aura lieu que 13 ans plus tard, mais c’est peu important. La chanson de
Buffy Sainte-Marie est magnifique et nous prends aux tripes par sa voix et ses paroles. Candice Bergen, merveilleusement belle et pleine de charme, nous envoute totalement avec son personnage extraordinaire. Il en est de même de
Peter Strauss, éclatant de vérité et de conviction. J’adore Donald Pleasence,
toujours aussi décapant. Un film qui hante longtemps, la preuve.