Dans son livre Hollywood
story, le génial Frank Capra (New York-Miami) dit de ce film qui avait fait un
bide à sa sortie parce qu’ayant 30 ans d’avance sur son temps, qu’il était un de ses préférés. Et en effet, c’est un petit bijou de beauté tant en réalisation qu’en interprétation sur une
histoire magnifique. De fait, l’amour entre un « jaune et une blanche » dixit les médias anglais de l’époque, avait de quoi choqué ces chers puritains qui l’ont interdit de
diffusion quasi dans le monde. Et encore, c’est n’est pas un vrai jaune qui effleure à peine les lèvres de la blanche colombe, encore moins de relations plus poussées ! Pourtant,
s’ils l’avaient regardé, ils y auraient vu une histoire d’amour, traité avec tellement de pudeur, de retenue et de force, qu’ils en auraient fatalement été sous le charme. Et pourtant, ce général
Yen n’a rien de bien sympathique pour que la jeune femme tombe amoureuse. Pas tant du fait des différences de culture, ou de « race » mais tant qu’il est son kidnappeur, qui massacre à
tour de bras des populations entières sans scrupule. Et par amour, il va perdre de sa cruauté et sa guerre. C’est justement, tout ce qui les sépare qui les rapproche au delà de tout raisonnement
cartésien. C’est le propre de l’amour avec naïveté sans doute, et pourtant… L’histoire est superbement raconté, avec des décors magnifiques donnant l’impression de couleurs dans ce film noir et
blanc de 1933 d’une très grande modernité. Si Barbara Stanwyck est excellente et émouvante, c’est surtout Toshia Mori qui lui vole la vedette par son talent, son charme et son extraordinaire présence. Nils
Asther, suédois d’origine danoise, bien loin d’être chinois donc, arrive à nous faire croire au subterfuge avec beaucoup d’émotion. Walter
Connolly est époustouflant. Richard Loo à l’immense carrière, tout jeune et déjà une grande maitrise de son art. Un très grand
film.