C’est une très grande première en beaucoup de chose que ce très beau film. Premier long métrage d’Arabie Saoudite
au cœur même du Wahhabisme, qui plus est, réalisé par une femme. Ce film est magique à tout point de vue. Par la qualité de la réalisation, par l’histoire émouvante et par l’extraordinaire talent
des interprètes pour eux aussi grande première d’acteurs de cinéma. L’histoire de cette gamine qui veut faire du vélo, quoi de plus banal partout dans le monde mais totalement interdit dans la
société saoudienne, nous prend aux tripes dès le début. Des fois que ces chères petites filles perdent ce petit hymen tant convoité, des fois qu’elles puissent prétendre à l’égalité avec les
hommes… La gamine est tellement nature, tellement espiègle, tellement hors des normes islamiques qu’elle en est extrêmement attachante tant elle vivante. Le film nous montre le quotidien des
femmes qui, de leur naissance à leur mort et dans l’au-delà si celui-ci existe, dans une société archaïque sont soumises à rudes épreuves et sans cesse sur la corde raide. Il faut remarquer
qu’elles sont bridées et brisées par elles même tellement elles sont conditionnées. On le voit bien avec ce concours de Coran, qui faut apprendre par cœur sans même se poser de question sur des
versets et ayats du code de la femme. Film magnifique et courageux, qui devrait faire réfléchir plus d’une femme de chez nous. L’histoire se suit avec beaucoup d’intérêt et d’angoisse, tant tout
est synonyme d’interdit et de punition. Qu’adviendra t-il de ces deux jeunes surprises de « péché » ? ou de Wadjda et son vélo ? et de toutes les autres coupables d’être
femmes ? Je me suis senti mal à l’aise pour elles toutes. La jeune Waad Mohammed révèle un talent certain, combinant humour et émotion
avec une égale conviction, en espérant la revoir prochainement. La très jolie Reem Abdullah est elle aussi très convaincante dans un jeu
sobre et efficace. Le petit Abdullrahman Al Gohani est adorable de naturel, quant la terrible et jolie Ahd arrive avec talent à être détestable. Quel impact pourrait avoir ce film, dans un pays où il n’y a pas une seule salle de cinéma ?