Il ne va pas faire bon de s’appeler Kevin ces temps-ci. Voilà encore un film qui m’a mis bien mal à l’aise. Même si d’entrée de
jeu on devine ce qui va se tramer, c’est avec angoisse qu’on se laisse porter, manipuler, bousculer par les regards, les non-dits. C’est à vous effrayer à
tout jamais d’avoir un fils ! Comment deviner ce qu’il deviendra ? Quelle est la part de
responsabilité des parents ? Et celle de la société ? Comment ne pas voir le monstre en
devenir ? Est-ce inévitable ? Cela nous ramène à tant d’exemples récurrents, qu’on ne peut que frissonner. Si le film est émotionnellement fort, je regrette trop les clichés dans la
relation mère-fils, les longueurs, et trouvé très pénible ces perpétuels flash-back disposés aléatoirement, cassant confusément le rythme. Je ne n’ai pas trouvé utile d’en montrer plus sur le
drame à la Colombine. Lynne Ramsay veut en faire trop. La force du film se situe dans le lieu clos sclérosé de la famille. De fait, si j’ai été hanté longtemps, c’est par la tension
permanente, l’angoisse persistante, mais aussi par un sentiment de gâchis. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec Tilda Swinton, qui ne m’a
jamais vraiment fait vibrer, et là une fois de plus, c’est un flop. John C. Reilly n’est pas excellent. Ezra Miller ne pas emballé du tout. Jasper Newell est sans aucun doute beaucoup plus inquiétant et
excellent. La petite Ashley Gerasimovich est très émouvante. Grosse déception, qui clos le festival d'été.