Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 08:53

Si j’ai beaucoup aimé ce film, de part son ambiance et l’extraordinaire prestation de l’actrice principale, je regrette profondément que Bruno Dumont aborde un thème aussi fort, uniquement avec autant de néant sur le dos d’une artiste exceptionnelle. En effet, il n’y a quasiment pas un mot sur son œuvre et son importance dans l’art, ou vaguement suggéré, ni une image sur ses créations. De même que son parti pris sur la folie supposée, ne respecte pas vraiment le contexte et les raisons historiques de cet internement forcé. Enfin, j’ai été extrêmement gêné pour ces patientes, telles qu’elles sont filmées, comme des bêtes de foire, s’appesantissant à l’excès, sans respect ni compassion, juste à l’état brut afin de satisfaire le sens du décor du réalisateur. Pourquoi n’avoir pas pris de véritables actrices ? Il oublie également de préciser que Camille Claudel est morte en 1943, ainsi que toutes les pensionnaires, sur l’ordre express du gouvernement de Vichy, de les affamer volontairement dans un esprit d’épuration nazi des êtres faibles -ainsi de 1940 à 1944, plus de 40 000 malades mentaux mourront de faim dans nos asiles psychiatriques- Enfin, contrairement à l’assertion finale, Paul Claudel ne viendra pas voir sa sœur aussi souvent, juste douze fois, chiffre apostolique ? Pourtant, Camille Claudel, l’une des plus grandes artistes, très célèbre en son temps, a eu une influence profonde sur le grand Rodin. Son internement scandaleux, n’est du qu’aux désirs de sa salope de mère qui la haïssait, qu’à son frère débile mystico-intégriste facho catho que les islamistes ne renieraient pas. Tellement scandaleux, qu’une grande campagne de presse a protesté contre la « séquestration légale », visant nommément la famille de Camille Claudel de se débarrasser d'elle, et exigeant en vain l'abrogation de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. Même Rodin tentera en vain d'améliorer son sort, jusqu’à sa mort en 1917. Alors très beau film sur l’internement, très belle mise en scène aux images magnifiques, mais il eut été plus judicieux de restituer le véritable contexte ou de prendre un personnage totalement fictif qui n’eut pas terni l’image de cette merveilleuse artiste que Bruno Nuytten avait su nous rendre avec la superbe Isabelle Adjani.

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour Juliette Binoche (A cœur ouvert) mais là, elle est passé au stade d’actrice d’exception, tant son extraordinaire interprétation est des plus sublimes de sincérité, de force, d’intelligence, de douleur et d’émotion. Jean-Luc Vincent est excellent, comme Armelle Leroy-Rolland, Robert Leroy et Emmanuel Kauffman, mais aussi Marion Keller, Myriam Allain, Régine Gayte ou encore Nicole Faurite qui offrent beaucoup d’humanité.

2 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires