Capitaine Nakara

Film kenyan très intéressant, qui sous couvert de comédie loufoque, traite de sujets graves et sérieux de la société kenyane des années soixante dix, sous la forme de conte assez farce et molièresque. Deux jeunes hommes sont libérés de prison lors d’une amnistie lors de l’anniversaire du président dictateur. L’un deux ce soir là, Muntu, va tomber amoureux de Muna, une jolie jeune femme et souhaite l’épouser. Un mariage coute de l’argent, beaucoup d’argent et pour ne pas la décevoir, il va falloir très rapidement trouver un emploi, régulariser des papiers et c’est là que tous les ennuis commencent. A travers ses recherches et démarches, notre héro, avec humour va rencontrer toutes les strates de la société et mettre en exergue les magouilles, rackettes, corruptions, fainéantises et tous les disfonctionnement et failles de l’administration civile et militaire et religieuse avec les sectes évangélistes, tant dans le public que dans le privé. J'ai beaucoup ri avec la scène d'inspection en faux capitaine sous l'obéissance aveugle des soldats et l'incrédulité des fautifs. Un voyage au cœur de l’Afrique que seul un africain comme Bob Nyanja pouvait nous faire découvrir avec son regard jovial sans consession. Troisième film après Malooned en 2007 et The rugged priest en 2011, ce film possède toutes les qualités pour dénoncer les incohérences et limite d’un système politique et social qui ne manque pas de plonger un pays à l’échèle du continent dans la débrouille qui ruinent toutes les tentatives vers une vie meilleure, surtout quant on sait que l’Afrique possède toutes les richesses qui devraient leur donner beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de bonheur et d’aisance.

Les interprètes sont  excellents, drôle et convaincants. Ainsi, Bernard Safari sait user de son charisme avec humour et talent, quant la jolie Shirlen Wanjari entre charme et conviction, nous envoute pour mieux nous surprendre. Charles Kiarie et Charles Bukeko sont époustouflants de facéties pour mieux ridiculiser leur personnage attachant avec bonhommie.