Ce qu’il y a avec la campagne, c’est que très vite… on se fait chier ! Moi, ça me file le bourdon qui me prend au cœur et ne me lâche pas une seconde, malgré tous les efforts de raisonnements au calme que je peux me faire intérieurement. Ce sentiment de me sentir piégé, comme prisonnier dans cette immensité inconnue, sans amour, sans pitié et sans repère. J’en ai une sainte horreur de trouille, même si finalement je me contrôle, m’y plait le temps d’y être avant de retrouver le plaisir de rentrer chez moi. C’est ce qui arrive à ce jeune couple très amoureux, avec leur petite fille, qui viennent s’installer dans une maison de campagne. Point besoin de fantômes, de démons, vampires ou serial killer que l’ambiance mystérieuse de l’histoire menace à chaque instant du moindre danger. Il suffit du froid, de l’humidité, de la boue, du bruit silencieux qui envahi le cerveau, de cette pluie grasse et épaisse, de ce soleil qui ne réchauffe que la brume, de cette solitude mortelle à des kilomètres à la ronde… le vrai cauchemar ! Surtout quant dans un couple, un seul prend la décision d’aller s’enterrer dans un trou perdu, de vouloir des gosses, de tout régenter. Il faut dire que le mari est assez roi des cons, à imposer ses choix et ses rêves, et à refuser de voir le mal être de sa femme. Aussi, très vite, sa jeune femme déteste la maison, la campagne, les animaux et les rares voisins qui aussi gentils qu’ils soient deviennent envahissants et inquiétants, et surtout son mari. Se greffe les difficultés de couples et de mère qui prennent des dimensions énorme au fil des jours. J’ai adoré cette histoire sans artifice, toute de simplicité et de sobriété. La réalisation d'Hernán Belón est excellente, sans jamais chercher à en rajouter, ni dans les effets, ni dans les travellings. L’œil de la caméra, observe sans parti pris, et nous assistons au délitement des sentiments, à la montée des haines, des peurs et des regrets, et surtout cette irrépressible envie de fuir. Fuir le plus vite et le plus loin possible, car il n’y a rien à faire pour s’échapper quant on n’a pas l’esprit campagne. Même le sexe ne comble pas ce vide qui se creuse, qui ronge et dévore l’âme. Dans cette situation, ils se font face comme devant un miroir qui ne reflète pas les mêmes images d’amour, ni les perspectives de vie. J’ai ressenti les mêmes angoisses et les mêmes délires que cette jeune femme au mal-être insupportable. J’ai adoré la scène finale, avec le sourire qui revient à la vie heureuse, et les larmes amères de déception. Deux conceptions du bonheur totalement inconciliables, qui avait ses failles en ville et que la mère nature a révélé au grand jour. Qu’en restera t-il de leur vie de couple ? Un meilleur redépart ou une brisure définitive ?
Dolores Fonzi (El aura) est extraordinaire de défiguration et de transformation de tout son être, face à Leonardo Sbaraglia qui est excellent, comme la petiote Matilda Manzano très touchante. Pochi Ducasse (Le dernier été de la Boyita) et Juan Villegas (Bombon el perro) participent à cette ambiance qu’ils subissent avec fatalité.