Une fois de plus, Platinoch a frappé fort en me mettant ce chef d’œuvre d’Akira Kurosawa entre les mains. J’ai adoré ! Après avoir réalisé une série de films sombres, le réalisateur japonais avait éprouvé le besoin de faire un western japonais sous une forme de comédie grand public. Dans un style jidai-geki -genre théâtral, cinématographique et télévisuel d'œuvres historiques médiévale japonais- et acquérir également une aisance financière afin de produire seul ses films, il s’est lancé à corps perdu dans cette magnifique aventure. Pour autant, il ne l’a pas réalisé au détriment de la qualité, employant même pour sa toute première fois, le format grand écran Tohoscope, avec une grande dextérité. Et en effet, ce film est éminemment drôle et émouvant dans une époque terrible, ou le comique supplante l’horreur avec bonheur pour mieux la dénoncer, que s’en est une pure merveille. Lors de guerres claniques, deux paysans guerriers d’une heure un peu neuneux, se retrouvent plus pauvre, et cherchent à rentrer chez eux mais sont poursuivis par les vainqueurs sanguinaires qui bloquent toutes les frontières. Prisonniers, ils s’enfuient à la faveur d’une révolte, et chemin faisant, finissent par rencontrer un général vaincu et trouvent refuge dans une forteresse cachée dans une montagne, qui est la cache d’une jeune et jolie princesse recherchée par l’ennemi et menacée de mort. Sur la promesse d’or, ils consentent de les accompagner vers une fuite éperdue. L’occasion de rencontres, d’amitiés, de dangers, de batailles entre frayeurs et fous rires et de beaucoup d’émotions.
Film d’importance s’il en est, car il a fortement inspiré George Lucas pour son Star wars. On retrouve ainsi sous les traits des personnages principaux, R2D2 et C3PO dans les deux guignols, la personnalité de la princesse Leia, le casque de samouraï de Dark Vador mixé aux casques nazis, mais également de l’ambiance générale. De nombreuses scènes sont marquantes, comme la bataille dans les escaliers qui est d’anthologie et plus encore la poursuite des trois cavaliers par le général sans se tenir aux rênes et sans doublage. Tous les personnages sont attachants, dont cette princesse élevée comme un prince, sans cesse en dualité avec sans humanité féminine et ses responsabilités politiques, avec cette magnifique scène où elle apprend que la petite sœur de son général s’est sacrifiée en se faisant passer pour elle, et qui la met dans une colère de peine immense et aurait préféré prendre sa place. Un remake Kakushi Toride no San-Akounine: The last princesse a été réalisé par Shinji Higuchi en 2008, dont je doute qu’il soit aussi bien.
Dans ce casting, il est difficile de trouver mieux les uns par rapport aux autres, mais aucun de moins bon. De fait, Toshirô Mifune est excellentissime de talent et de force d’émotion, face à la belle Misa Uehara, impressionnante de puissance de conviction et d’humanité dans son premier rôle. Les Chiaki Minoru et Kamatari Fujiwara, sont extraordinaires d’humour, d’émotion et d’impressionnante présence. La jolie Toshiko Higuchi, bien qu’en second rôle est très marquante, de même que les Susumu Fujita et Takashi Shimura.