Deuxième opus de la trilogie de la lame (Tuer ! - La lame diabolique – Le sabre) d’après un roman de Shibata Genzaburo. Cette histoire réalisée par l’excellent Kenji Misumi, est déjà en soit d’une très grande poésie sanglante, sans jamais tombé dans le gore, avec une réalisation qui est d’une sublime beauté. Rarement l’opposition entre violence et tendresse, entre vie et mort n’aura été à ce point aussi bien retranscrite. Une jeune femme meurt en mettant un enfant au monde sans que l’on sache qui est le père. Une rumeur malveillante va ternir sa vie durant comme étant le fils d’une humaine et d’un chien. Bien des années plus tard, simple petit paysan possédant quelques qualités magiques, il va se voir propulsé comme jardinier attitré d’un seigneur féodal, psychologiquement atteint. Après avoir rencontré un ronin qui lui enseigne son art de samouraï avec tellement de talent, il en devient un spadassin assassin renommé et craint des comploteurs qui visent à renverser le souverain. D’autant plus qu’il s’accapare de la lame diabolique d’un terrible meurtrier dont la légende assure qu’elle serait responsable de milliers de morts. La narration, toute de simplicité, comme la réalisation nous mènent dans cette sombre histoire avec beaucoup de légèreté inattendue qui m’a envouté. Pourtant, si ce katana est doué de maléfice entre des mains expertes, ce n’est que tardivement qu’elle apparaît. C’est surtout ce jeune homme rejeté de tous, moqué et humilié, que ses talents vont trouver un exutoire d’abords dans l’art des fleurs qu’il parsème autant qu’il peut avec amour et goût, avant de se trouver par la force des choses un autre homme sans jamais pourtant se renier. Son idylle platonique avec une jeune et jolie paysanne est toute de retenue et d’émotion. J’ai adoré la scène finale d’une rare violence aux nombreux morts qui disparaissent dans cette immensité fleurie. La fin est à elle seule magnifique avec les appels de la jeune fille dans ce paysage magnifique.
Raizo Ichikawa, mort trop jeune à 38 ans, est excellent et terriblement marquant. De même que Kei Satô est superbe et intriguant. La très jolie Michiko Sugata arrive, sans presque parler à nous émouvoir par l’élégance de ses gestes, ses regards et son sourire. Gorô Mutsumi, Ryûtarô Gomi (Hara-Kiri : mort d'un samourai) ou encore Kentarô Kudô, entre autres protagonistes jouent avec beaucoup de conviction.