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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 10:41

Comment mieux décrire l’univers carcéral des femmes musulmanes en générale, iraniennes en particulier ? Avec ce magnifique film, Jafar Panahi (Hors jeu) très souvent primé, nous fait suivre tel un reportage clandestin le destin d’une dizaine de femmes, de la naissance d’une petite fille quant était attendu un garçon et déclenchant la répudiation de la jeune mère, en suivant ensuite brièvement trois jeunes femmes tout juste sorties de prison. Entre celle rejetée avec violence pas sa famille, une autre enceinte cherchant à s’en débarrasser, ou la jeunette cherchant à rentrer dans son village mais que la loi interdit de prendre le bus seule sous peine d’arrestation, jusqu’à celle qui abandonne son enfant en espérant une adoption pour une meilleure vie, ou une autre encore arrêtée pour racolage et prostitution. Tranche de vies à Téhéran sur une journée ordinaire et odieuse sur la condition des femmes qui nous prend aux tripes, nous angoisse et révolte. C’est sans parler des agressions verbales sexuelles permanentes des hommes, de leurs regards suspicieux et leurs attitudes oppressantes. La scène finale est terrible et bien symbolique d’une vie terrifiante, faite d’oppression, d’humiliations, d’angoisse et d’éternelle injustice. Ainsi se boucle le cercle de la vie, des interdictions et dures obligations, comme le jeu de la caméra qui film en mouvement circulaire comme pris dans une nasse sans jamais trouver de sortie. D’ailleurs, la trappe d’ouverture du début à la maternité, se referme violement à la fin dans la prison comme le voile de la loi islamique, de l’intolérance et de la tyrannie. Dans un entretien, JP explicitait son film, et notamment le prénom de la jeune mère que l’on ne voit pas, Solmaz (éternelle) Gholami (valet), dont on a tout à craindre pour l’enfant qui n’ait le même et triste sort. D’autant plus terrible, que la loi des hommes au prétexte de dieu pour soumettre les femmes, n’hésite pas quant ça les arrange à la transgresser, comme ce milicien qui appelle sa maitresse pourtant mariée… De bout en bout, j’ai été ulcéré par leur sort, par l’ignominie et par celles qui chez nous, se voilent quand elles ont une telle chance d’une vie libre et bien meilleure, s’obscurcissent pour le pire.

Les actrices professionnelles ou non, sont absolument naturelles et authentiques, et hantent longtemps. Ainsi, Nargess Mamizadeh, Maryiam Palvin Almani, Mojgan Faramarzi, Elham Saboktakin, Monir Arab, Solmaz Panahi, Fereshteh Sadre Orafaiy (Le ballon blanc), Fatemeh Naghavi, Maedeh Tahmasebi… en ne leur souhaitant pas une vie aussi terrible, mais sans illusion.

4 étoiles

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