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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 09:57

Le perfide collaborateur et délateur maccartiste Elia Kazan a pour lui d’avoir réalisé avec ce film sans doute la meilleure de ses œuvres. Intelligemment écrite, magnifiquement réalisée, cette terrible histoire aux symboliques très fortes est extraordinairement marquante. La trame est pourtant simple, mais sa simplicité est tellement complexe de par les enjeux, de part les protagonistes, de l’ambiance et une mise en scène qui amène chaque pièce du puzzle avec une telle détermination inéluctable que s’en est que très réussi. J’ai également aimé pour une rarissime fois dans le cinéma, que les bayous ne soient montrés glauques, et que les habitants ne soient pas des caricatures haineuses de tarés consanguins. Ce sont juste des gens simples, souvent pauvres sans être miséreux, buttés mais profondément humains, les bons comme les salauds. Suite à des inondations meurtrières répétitives, le gouvernement américain décide le rachat des terres le long du fleuve en vue de réguler la violence du fleuve sauvage par des barrages fournissant également de l’électricité. Un jeune agent du gouvernement est chargé de convaincre une propriétaire de quitter son ile, ainsi que sa famille. Pas facile de déloger des gens attachés à leur terre liés par l’affection d’êtres chers et disparus. Pas facile dans une société archaïque, où les relations sont tendues, où le statut social et l’économie sont faible et que des étrangers veulent les faire partir de chez eux, pour un avenir incertain et pas bien meilleur. Et quant en plus l’amour vous prend au cœur avec une telle passion qu’il est impossible de faire face, d’aimer et d’être aimer en retour sans se tromper, sans vouloir faire de mal et de remettre en question des vies et des certitudes. J’ai littéralement adoré les personnages, adoré la force des sentiments, la violence des pudeurs contenues puis lâcher en une explosion sismique. Que j’aurais aimé recevoir une telle déclaration d’amour passionnément violente, extraordinairement impudique et impossiblement résistible. Ce film est magnifique, ses personnages sublimes ses paysages grandioses. Il y a de l’émotion mais aussi de l’humour, de la violence et de l’amour, dans une atmosphère particulière des années cinquante / soixante de l’Amérique profonde entrant dans la vie moderne.

Il faut dire aussi que le casting est superbe. Ainsi, Montgomery Clift, malgré l’alcool et la drogue, malgré son violent accident, reste d’un charme et d’une beauté envoutante et au regard bleuté, joue avec une justesse incomparable à vous couper le souffle, comme rarement atteint dans le cinéma. Il est juste divin ! La trop belle Lee Remick, partie hélas trop tôt, jouait exceptionnellement bien, avec une telle passion et une émotion rare qui en donne la chair de poule. Cette scène extraordinaire où elle explose ses sentiments est d’anthologie. La non moins extraordinaire Jo Van Fleet avec son regard perçant et son jeu puissant donne également des frissons. Albert Salmi, est excellentissime, ayant eu une fin terrible après avoir assassiné son ex femme. Barbara Loden, future Madame Kazan et partie trop tôt aussi est marquante. Les enfants, Judy Harris et Jim Menard sont impressionnants de justesse. Frank Overton, excellent, et Bruce Dern était déjà puissant et inquiétant.

4 étoiles

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commentaires

P
Si je n'aime pas le personnage, Kazan a toutefois réalisé quelques grands films, tels Un tramway nommé désir, America America ou encore La fièvre dans le sang. Mais j'ai comme toi un coup de coeur tout particulier pour Le fleuve sauvage et l'ambiance qui en découle. C'est un beau film triste. Servi par deux acteurs d'exception: Lee Remick et Montgomery Clift, comme toujours habité par son rôle jusqu'au bout des ongles.
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