Le choc de Jacques Bral à son arrivé en France après toute son enfance passée à Téhéran, fut de voir toutes ces femmes voilées quant en Iran la dictature islamique l’impose avec violence contre toute résistance. Le choc des cultures et le communautarisme sont ici narrés avec beaucoup de subtilité et de sensibilité, sur une de nos filles de chez nous bien qu’issue de l’immigration de là-bas. La jeune Cobra est prisonnière d’un système carcéral familial aux traditions et cultures archaïques, et tente pour s’en sortir, de juguler avec celle de la vie moderne dans laquelle elle vit en toute sérénité. Voilée à la maison, quant sa mère ne l’est jamais, elle se transforme chaque jour dans un café, dont elle est éperdument amoureuse du cafetier, passant du hijab et tchador en vêtements plus heureux et stylés, avant de se rendre à son travaille. Comme une sorte de Cendrillon des temps modernes, et que font des milliers des jeunes filles sitôt sorties des banlieues. Amoureuse, elle souhaite faire sa vie à elle, et non selon les codes traditionnels que souhaitent lui imposer ses parents et qui vérité découverte, lui sera fatale. Le film est beau, les personnages attachants, sur un rythme qui laisse lentement dévoiler les aspirations, les frontières et les interdits dont le franchissement de la ligne rétrograde est synonyme de mort. Et la mort, comme abordé dans l’excellent L'étrangère, reflétant hélas le sort de plus de cinq mille femmes par an, dont de nombreux cas en Europe et en France. Acte non religieux au demeurant, car non inscrit dans aucun texte de Coran ou des Hadiths, et qui se situe donc dans le meurtre pur et simple, et le pire qui soit dans la barbarie, si tant est qu’on puisse établir une échelle de valeur dans l’horreur, car étant familial, donc forcément plus cruel et odieux. La particularité de la réalisation, est que les protagonistes s’adressent à nous directement, nous faisant face pour raconter l’innommable, et sa grande force est sa sobriété. Par contre, j’ai été agacé par le choix musical, notamment ce jazz lancinant que je déteste. C’est magnifiquement réalisé et superbement interprété par des acteurs d’excellences.
Sofiia Manousha, est jolie et talentueuse, émouvante et terriblement marquante. Lounès Tazairt (Ce que le jour doit à la nuit) est excellent, en père dépassé, perdu et convaincant. Il en est de même de Grégoire Leprince-Ringuet (La princesse de Montpensier) qui est sobre et efficace quand Julien Baumgartner (The tourist) m’a fait moins bonne impression, sans doute du à son personnage. La superbe Elise Lhomeau (Des filles en noir) est magnifique dans un rôle pas aussi simple qu’’on pourrait le croire, belle et charmante, et convaincante. J’ai toujours eu un excellent apriori pour Souad Amidou, qui une fois encore s’impose, même s’il est difficile de montrer tant d’amour pour un abruti de première. Le beau gosse Salim Kechiouche (La vie d'Adèle) touche là un rôle bien con et méchant avec conviction. Thierry Lhermitte ( La clef) nous la joue un peu trop sur le registre habituel mais avec persuasion. Sid Ahmed Agoumi (Beur sur la ville) est très bien La très belle Lisa Makhedjouf, joue juste et mérite de la revoir.