Mouaif ! Asghar Farhadi (Une séparation, A propos d'Elly, La fête du feu) nous concocte une dramatique sous forme de vaudeville pour le moins des plus ennuyeux au possible. Si je reconnais que la réalisation est belle, le script est dans sa première partie très longue à se mettre en place et souvent confuse, et jamais très palpitant. Sous forme de thriller sans en être, dans un huis clos les éléments du passé des uns et des autres qui impactent leur présent ne sont pas toujours très clair. Un iranien revient de son pays au fin fond d’une banlieue pourave, après quatre ans de séparation pour valider son divorce. Son ex-femme, souhaite en effet remettre en ménage avec un mec en attendant que la sienne, dans le coma à la suite d’un suicide, meurt au plus vite pour se remarier, étant une fois de plus enceinte. Le genre de poule pondeuse avec trois gosses de trois pères différents, incapable de gérer sa vie, constamment dans des histoires merdeuses. Là dessus, se greffe une sombre histoire de culpabilité de son adolescente, qui se croit responsable du suicide pour avoir divulgué la correspondance adultérine entre sa mère et son amant... J’oserai dire que cette sombre et glauque histoire est assez pathétique. Aucun de tous ces personnages n’est sympathique, ni le mari, ni l’amant, moins encore la maitresse, pas plus la comateuse, et pire encore le petit monstre de gamin, véritable tête à claques. Seule la gamine est terriblement émouvante, et met en lumière la terrible difficulté de la vie des enfants dans des familles recomposées. J’oserai dire, que l’employée serait toute aussi émouvante malgré son attitude, somme toute, face à des abrutis de première. Rien à redire donc, sur la qualité de la réalisation qui est comme toujours maitrisée, lente et dans une ambiance délétère qui trouble l’atmosphère. C’est aussi excellemment bien interprété même de ceux qui ne nous ont pas habitué à les voir plus convaincants.
Ainsi, Bérénice Bejo (Populaire), qui a donc eu la récompense suprême au festival de Cannes, est en effet excellente. J’ignore si cela méritait à ce point un tel trophée, tant il est vrai que j’ai trouvé Pauline Burlet plus percutante et terriblement émouvante. Pour une fois, je reconnais que Tahar Rahim (A perdre la raison) ne joue pas trop mal, et même beaucoup mieux qu’à l’accoutumé, quand bien même son rôle est minimaliste et que je ne l’apprécie toujours pas. Aurait-il enfin trouvé quelqu’un pour lui donner des leçons de comédie ? Ali Mosaffa est particulièrement marquant avec son jeu naturel et de conviction. Comme toujours, Sabrina Ouazani (Mohamed Dubois) est parfaite. Les jeunes Elyes Aguis et Jeanne Jestin sont très bien, de même que Babak Karimi (Une séparation) et la jolie Valeria Cavalli (Les lyonnais).