Encore un bien beau western que je viens de découvrir. L’adaptation du roman de Thomas Eidson, The last ride par Ron Howard est intéressante à plus d’un titre. La réalisation est belle et fluide, avec de superbes images et plus que l’histoire, ce sont les profils des personnages qui méritent le détour. L’histoire de l’enlèvement d’une jeune fille en vue de traite des blanches, et dont mère, sœur et grand père partent à la poursuite pour la récupérée est assez émouvante. Chaque personnalité disparate est complémentaire à leur mission, mais offrent aussi une idée d’une époque dure et violente. La tension dramatique ne nous lâche jamais, tant par les dangers d’une telle poursuite, face à des ravisseurs sans scrupule, que par la nature sauvage de l’immensité du pays, du danger des animaux sauvages et d’une météo extrême. Auxquels se rajoutent les maladresses des uns et des autres, qui donnent un caractère plus authentique de la réalité. De beaux portraits de femmes de l’époque, qui savaient aussi bien faire bouillir la marmite, que de labourer les champs et de se servir du fusil. Le film Convoi de femmes en donnait un bon exemple. J’ai beaucoup aimé ce film, en dépit de longueurs et parfois de clichés, mais qui apporte une dimension du far west plus crédible. Thème innovant aussi pour un western, qui avait déjà abordé ce sujet dans le film magnifique de John Ford, La prisonnière du désert ou dans Soldier blue, où la jeune captive était devenue membre d'une famille indienne. Car dans la réalité historique, l’ultra large majorité des 64 cas répertoriés d'enlèvements de filles blanches par des amérindiens, étaient adoptées par les tribus avec assimilation. C’est le cas de la célèbre Cynthia Ann Parker, dont le personnage Dressée avec le poing dans le film Danse avec les loups est directement inspiré. Il faut dire que le génocide dont était victimes les amérindiens, où les femmes de tous âges étaient systématiquement violées et assassinées, amenaient certaines tribus –certes tout aussi condamnable dans ces cas- à l’enlèvement d’enfants (John Tanner) et de femmes même ennemies. Je regrette donc juste une durée un peu excessive, et ce passage d’envoutement chamanique qui relève du fantasme peu utile dans un tel drame. Accuser les amérindiens de traite des blanches me fait un peu sourire, au regard des atrocités commisent par centaine de milliers de nos jour, avec si peu de compassion comme dénoncé dans le magnifique The whistleblower. A noter que les acteurs amérindiens sont vraiment d’ascendances autochtones, et s’expriment dans la langue locale. Dans le dvd, deux fins alternatives sont proposées, dont une a ma préférence. Et pour une rare fois dans un tel film, il est offert un court bêtisier assez sympa, qui détonne un peu. Western peu conventionnel donc, mais avec les codes du genre réappropriés au service d’une belle histoire tragique, portée par des interprètes de talent.
Et de fait, Tommy Lee Jones (Tous les espoirs sont permis) est particulièrement truculent, face à la très belle Cate Blanchett (Hanna) qui est extraordinaire de vérité, de force d’émotion et de charme. Le bien méchant Eric Schweig (Le dernier des Mohicans) est marquant par son charisme envoutant. La jolie chipounette Jenna Boyd (4 filles et un jean) est juste phénoménalement brillantissime. Evan Rachel Wood (Thirteen) était une fois de plus émouvante et époustouflante. Il en est de même de Jay Tavare. Aaron Eckhart (Conversation(s) avec une femme) et Val Kilmer (Twixt) même en courtes apparitions méritent le détour.