Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 23:54

Encore un magnifique film de Bahman Ghobadi (La saison des rhinocéros, Les chats persans) pratiquement joué que par des enfants, que la guerre et les horreurs ont rendu adultes avant l’heure. Point d’enfance tranquille au coin du feu pour ces petits kurdes, écartelés entre Turquie, Iran, Syrie et Irak qui les martyrisent depuis des siècles. Un Etat reconnu par l’ONU mais que personne ne respecte et massacre pour des raisons de richesses pétrolières. Dans un camp de réfugiés à la frontière turque, à la veille de la guerre contre l’Irak par les américains, les habitants souhaitent avoir les chaines satellites pour suivre les informations. Un gamin débrouillard, mène une bande de minos, chargés de déminer les champs alentours -dont ils revendent les mines non explosées- et autres tâches les plus pénibles et dangereuses pour de faibles rémunérations. C’est un voyage au cœur de la misère et de l’horreur, où tous ces enfants ont déjà vécu les pires atrocités. C’est dans ce contexte qu’arrivent une gamine avec un enfant mystérieux, et un adolescent doué de clairvoyance, amputé des bras. Le film est absolument magnifique et terriblement tragique. Je me suis senti envouté par cette histoire, qui nous entraine comme un reportage, tantôt dans ce camps perdu parmi des centaines de chars détruits et autres canons muets, tantôt un marché multicolore ou l’on trouve de tout jusqu’aux armes les plus modernes. J’ai été très ému sur le sort de ces enfants, par leur jeux tout en finesse et naturel.

On a reproché à sa sortie son côté pro-américain, avec il semble beaucoup de mauvaise foi et malhonnêteté intellectuelle. Et s’il est vrai que dans ce film, le soutien du peuple kurde pour cette intervention, tend à soutenir les américains, c’est plus en l’espérance de voir la fin de leurs malheurs et la chute des génocidaires du régime de Saddam Hussein à quiconque mettrait un terme à leur calvaire. D’ailleurs, c’est explicitement souligné avec notamment l’ironie du sort, de ce gamin qui appel tant de ses vœux l’arrivée des troupes US et saute sur une mine made in USA. Car avant de combattre les irakiens, les yankees ont été le plus fervent soutien militaire, en conseillers et en armes de tous types, dont ces mines meurtrières, et ne se s’étaient jamais offusqués des massacres en tous genres dont le gaz sur des populations civiles. Un film qui hante longtemps.

Le jeune Soran Ebrahim, est époustouflant de talent et de réalisme, d’émotion à l’état pure. La très belle petite Avaz Latif est extraordinaire de talent, et terriblement émouvante à nous arracher des larmes par sa souffrance jusque dans ses regards et son triste sourire. Il en est de même d’Hiresh Feysal Rahman, qui dégage une énergie incroyable. Le chipounet Abdol Rahman Karim est stupéfiant de tendresse. Rarement je n’aurais vu autant de gamins jouer avec autant de naturel, comme encore Saddam Hossein Feysal ou Ajil Zibari qui marquent.

3 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires