Très beau films de Keren Yedaya, dur et cru sur la condition des femmes dans une société pas très tendre avec elles, comme hélas dans beaucoup de pays. L’histoire conte une dramatique familiale entre une mère et sa fille de dix sept ans. La mère, prostituée depuis plus de vingt ans sans trouver de possibilité de s’en sortir, malgré tous les efforts de sa fille. Entre les clients qui semblent plus faciles pour gagner chichement sa vie, quand bien même des violences terribles s’abattent souvent elle, et les multiples petits boulots de sa fille au détriment de ses études, la vie leur est extrêmement difficile. Le comportement des hommes est des plus primaires, quant au respect de la femme. Le propriétaire qui se fait payer le loyer en nature, le petit copain soldat qui rentre juste pour une fellation et se tire aussitôt, la vie de la gamine ne l’épargne pas. La réalisation est magnifique, avec une caméra qui bouge peu, accentuant l’angoisse et le glauque des images de nudité crue, de fous rires limite de folie, de couleurs et lumières blafardes qui donnent un sentiment particulier et émeut au plus profond. Il est rare d’explorer un tel sujet avec autant de force et sans concession. La superbe qualité étant d’éviter le voyeurisme malsain, tout en montrant sans retenu le sordide froid et terriblement impuissant. La fin est tragiquement désespérante et fait froid dans le dos. Pour son premier long métrage, après trois courts, Keren Yedaya, donnait un aperçu de son talent de grande réalisatrice, que j’aimerai voir plus souvent.
Le duo Ronit Elkabetz et Dana Ivgy est excellentissime, au point de comprendre que la réalisatrice est eut envie de les retrouver six ans plus tard dans le superbe Jaffa. Elles dégagent chacune des émotions différentes et un talent extraordinaire. Meshar Cohen en amoureux éconduit est marquant. Katia Zimbris belle et cruel est impressionnante.