Un très beau film inspiré de faits historiques véridique réalisé en 2019 par Isabel Coixet (Another me), d’après le roman Elisa e Marcela - Alén dos homes -Elisa et Marcela - Au-delà des hommes- de Narciso de Gabriel, qui emprunte au livre de Felipe Trigo publié dès 1902, le La sed de amar, qui révèle le premier mariage gay en Espagne en 1901 entre deux jeunes femmes.

En 1885, au Collège de formation des enseignants à La Corogne, où sont formés les futurs professurs de l'enseignement primaire Marcela Gracia Ibeas et Elisa Sánchez Loriga, 18 et 23 ans, se rencontrent à l'école où ils étudient. Ce qui commence comme une grande amitié se termine par une relation amoureuse qu'elles doivent vivre en secret. Les parents de Marcela soupçonnent cette relation et l'enverront dans une autre région d'Espagne pour quelques années. À leur retour, les retrouvailles avec Elisa sont magiques et ils décident d'avoir de vie en couple. Face à la pression sociale, elles décident de trouver une parade pour vivre tranquille. Elisa se travestie en homme en se faisant passer pour Mario et épouse Marcela qui a lieu le 8 juin 1901. La supercherie est dévoilée, et les épouses doivent s’enfuir avant d’être arrêtées.

Un très beau film qui relate le véritable premier mariage lesbien en Espagne, toujours légitime malgré la supercherie de ces jeunes femmes admirables. Passionnant et émouvant, l’intrigue bénéficie d’une belle mise en scène et en image noire et blanc. On pourra regretter de rajouter de la fiction avec cet enfant, et pire encore dans le roman d’un mariage et de suicide. Les faits historiques, même incomplet se suffisent à eux-mêmes. Deux jeunes femmes amoureuses face à l’homophobie, se sont légalement mariées face à l’église et à l’État, encore valable de nos jours. Arrêtées, elles se sont enfuies en Amérique du sud, dont on a perdu leur trace. Certaines rumeurs ont voulu qu’Elisa se soit suicidée sans aucune preuve qu’une rumeur fantaisiste. Nous espérons un destin heureux, certes caché mais loin de la vindicte haineuse.

L’ajout dans le film de cette Ana, dont on ne sait d’où elle sort, est totalement inutile et moraliste sur le thème de l’enfant abandonnée, même si pour son « bien »… Seul compte cette belle histoire d’amour qui déjoue les lois homophobes avec ce mariage, le premier entre deux femmes depuis l’ère romain, en rappelant le premier mariage gay entre deux hommes au Moyen Âge entre Pedro Díaz et Muño Vandilaz à Rairiz de Veiga, le 16 avril 1061. Il faudra attendre le 11 juillet 2005 pour que le mariage pour tous soit voté en Espagne. Une rue porte le nom de ces deux épouses depuis 2018 à Corogne.
Avec les émouvantes Natalia de Molina et Greta Fernández, Sara Casasnovas, Tamar Novas, María Pujalte et Francesc Orella, Manolo Solo, Kelly Lua, Manuel Lourenzo et Jorge Suquet, Ana Santos, Lluís Homar et Mariana Carballal, Luisa Merelas et Roberto Leal.