Un très grand merci à Les Mutins de Pangée pour m’avoir permis de découvrir ce documentaire, sorti en 2006, réalisé par Chris Marker, Valérie Mayoux, Jean-Pierre Thiébaud, Michel Desnois, Bruno Muel et Mario Marret, sur la paole donnée au travailleurs.

Février 1967 : Chris Marker et Mario Marret commencent le tournage de À bientôt j’espère pendant la grève dans les usines de la Rhodiacéta de Besançon. Un an plus tard, lors de la projection du film, les ouvriers exprimèrent leurs opinions, certains jugeant le film trop romantique. Chris Marker tire alors la conclusion qu’un véritable cinéma militant ne peut être en définitive que celui qui serait réalisé par les ouvriers eux-mêmes. Très vite au sein du collectif SLON se constitue un groupe de cinéastes militants qui entreprit de former ces ouvriers aux techniques cinématographiques. Les groupes Medvedkine de Besançon puis de Sochaux étaient nés.

Un très beau coffret complet sur les productions visuelles des ouvriers militants selon la méthode Medvekine. Nous retrouvons tout un historique et un narratif hors des médiats professionnels sur les conditions de travail dans les usines. Ainsi, la parole est donnée à ces salariés, ouvriers et techniciens, hommes et femmes. Ils évoquent leurs vécus avec les cadences et les horaires compliqués pour des salaires minimalistes. Cela se passant dans des régions de plus en plus sinistrées. Il est passionnant d’écouter ces ouvriers et ces ouvrières sur leurs conditions de travail et leurs vies personnelles. Les horaires, les salaires, les comportements de la hiérarchie avec des perspectives d'ascenseur social bloquées. La parole apporte aussi beaucoup sur leur vécu et leurs revendications. C’est aussi le cas des femmes et ouvrières. En plus de leur emploi difficile, elles s’occupaient du logis, du mari et des enfants et du face des propos machistes de leurs époux. un autre combat pour eles femmes en prenant la parole. Des revendications et mouvements de grève dans l’avant Mai 68, aboutiront au protocole de Grenelle. Les salariés obtiendront une augmentation de salaire, des représentations syndicales dans lres entreprises, la réduction des horaires de travail, et l'abaissement de l'âge de la retraite.

La méthode d’Alexandre Medevkine, propagandiste bolchévique, narre son procédé. Avec son train labo ciné, de villes en campagnes. Il donnait la parole aux ouvriers et aux paysans dans le cadre d’application des décisions du Politburo. Ainsi, évoque-t-il les kolkhozes sur les paysans ukrainiens, sans évoquer l’échec de la culture collectiviste, alors que l’Holodomor, se déroulant alors sous ses yeux. Pas un mot sur les cinq millions de morts, affamés par les dirigeants communistes leur volant tout leur blé afin de faire croire en la réussite de cette méthode. Surprenante cette fascination pour la révolution d’Octobre et pour Lénine. C’est oublier la prise du pouvoir par un coup d’État après les seules élections libres dans l’histoire du pays. Furent imposées les terribles lois sur la suppression de la liberté de la presse et du droit de grève. Des milliers de syndicalistes en furent assassinés.

Divers documentaires nous plonge dans une époque paraissant d’un autre temps et pourtant si proche, celui de nos parents et grands-parents. J'ai cru entendre mon grand-père, ouvrier cheminot relater les grandes grèves de 36, comme mes grands-oncles, mon père en 68… Le documentaire sur le 11 septembre 73 au Chili, donne des frissons avec un aperçu glaçant du coup d’État ^militaire et ses effroyables conséquences.

Le coffret nous offre donc trois contenus complets à large spectre des mots et ressentis de salariés·iées d’hier comme d’aujourd’hui.

DVD 1 : Groupe Medvedkine de Besançon

- À bientôt j’espère (Chris Marker et Mario Marret - 1967-1968).

- La charnière (son seul - 1968)

- Classe de lutte (1968).

- Rhodia 4/8 (1969)- Nouvelle société 5 "Kelton" (1969).

- Nouvelle société 6 "Biscuiterie Buhler" (1969).

- Nouvelle société 7 "Augé découpage" (1970).

- Le traîneau-échelle (Jean-Pierre Thiébaud - 1971).

- Lettre à mon ami Pol Cèbe (Michel Desnois, 1971).

DVD 2 : Groupe Medvedkine de Sochaux

- Sochaux, 11 juin 1968 (1970).

- Les trois quarts de la vie (1971).

- Week-end à Sochaux (1971 - 1972).

- Avec le sang des autres (Bruno Muel, 1974).

- DVD 3 : Groupe Medvedkine de Sochaux (suite) et compléments.

- Septembre chilien (Bruno Muel et Théo Robichet, 1973).

- Le train en marche (Chris Marker, 1971)

- Manuela (CCPPO, 1968).

Le documentaire Les groupes Medvedkine 1967-1974, distribué par Les Mutins de Pangée, est toujours disponible dans les meilleurs bacs et en ligne depuis le 8 février 2006. 3 DVD + 1 libres de 170 pages. Il est proposé en version originale anglaise sous-titrée français.

Un grand merci à Diaphana et à Arcadès pour m’avoir permis de découvrir cette comédie dramatique sortie en 2024, réalisée par Quentin Dupieux, sur une excellemente prise de conscience de l’impact d’un rôle et ses ilmplications sociales.

Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Quand le rôle de composition prend  réalité sur la fiction, le monde vire en confusion généralisé entre schizophrénie et paranoïa. Le monde absurde de Quentin Durieux prend corps en une logique de folie. Ainsi, sa pièce passe du réel à la fiction, du tournage aux ambitions de chacun dans des rivalités insidieuse que l’on fini par ne plus discerner  le vrai du faux. Cependant, des thématiques sociétales se dégagent avec les égos surdimensionnés de chacun, planant dans un monde hors norme. Ainsi, du harcèlement sexuel, de l’homophobie et autres propos irrespectueux en violences diverses que traverse notre société. Comme à son habitude, le réalisateur arrive encore à nous surprendre et à nous obliger à la réflexion pour dénouer les fils de sa narration avec nos propres circonvolutions pour arriver à mettre de l’ordre dans nos idées et nos positionnements. Quel est le pouvoir du réalisateur sur ses comédiens, sur leur propre interaction dans leur rôle, leur vie  et  la place grandissante de l’IA dans notre cinéma ?

Une intéressante question sur la place des acteurs face aux scénarios, aux réalisateurs et à l’image et aux messages qu’ils donnent. Il est vrai que très souvent, en regardant beaucoup de films, je me pose la question du comment les interprètes sous emprise du réalisateur ? Le plus souvent les actrices, ont pu accepter des rôles dégradants pour elles, mais surtout pour les femmes en général, que les spectateurs prennent au premier degré et reproduisent dans leur quotidien ce qui est diffusé et véhiculé en terme de violences, verbales et physiques sans remise en question. De même des acteurs à accepter des rôles, des gestes et des mots souvent inconvements machistes.  Que de scènes humiliantes, de propos machistes. À quel moment ce qui n’est que fiction devient réalité ? Ce n’est pas seulement un questionnement philosophique, mais existentiel.

Avec Léa Seydoux et Louis Garrel, Vincent Lindon et Raphaël Quenard, Manuel Guillot et Françoise Gazio, Valérie Vogt, Thémis Terrier-Thiebaux.

Le film Le deuxième acte, distribué par Diaphana, est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne depuis le 1^er octobre 2024 en DVD et en bluray. Il est proposé en version audiodescription pour aveugles et malvoyants, et des sous-titres pour sourds et malentendants. Dans les suppléments, le documentaire de Coco, Bande-annonce.

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir ce polar sportif sorti en 1949, réalisée par Jean Stelli, d’après la pièce de Marcel Rivet, à donner des sueurs froides aux coureurs du Tour de France.

Un meurtrier supprime cinq coureurs sur le Tour de France 1948, et signe ses crimes d'une tulipe rouge. La journaliste Colonelle et l'inspecteur de police Honoré Ricoul mènent l'enquête pour arrêter l'assassin à l'arrivée du Tour, au Parc des Princes, cependant que les équiques s’affrontent sur la route et dans les coulisses en rivalités, colères et angoisses.

Un Tour de France de tous les dangers en cette année de 1948. On a déjà eu à déplorer dans la réalité des morts accidentelles, mais cinq meurtres mettent l’angoisse dans le peloton. Un film passionnant, nous montrant l’organisation du Tour, créé par un journal en 1903, comme support publicitaire de vente de tirages. Comme quoi le sport au service de la publicité était déjà bien pensé. Alors pas de télévision, de téléphone portable ni d’Internet, tout dans la presse et à la radio, dans une organisation du direct à chaque étape. Une épreuve sportive populaire, trois ans après le fin de la seconde guerre mondiale et de la reconstruction du pays.

Un polar culotté et innovant dans le tournage et dans le sociétal que le journal L’équipe n’avait pas assumé le pernonnage féminin, pas plus qu’il ne le supporterait aujourd’hui de part son machisme archaïque. Ainsi, Colonelle est l’arquétype de ce que les paternalistes ont tondu quelques années auparavant. C’est une femme, journaliste, dans le genre Marie Marvingt et Violette Moriss, fumant des cigarettes, buvant du whisky, portant pantalon en infraction de la loi, et lesbienne assumée. Ce n’est pas banal dans le cinéma français au sortir de la guerre dans le cyclisme monde d’homme, qu’il faudra attendre 1955 pour voir le premier Tour de France féminin. Et pour le coup, c’est l’époux qui se prend un gifle, bien que gentille et amoureuse, par sa bien-aimé sans qu’il lui en « retourner une »0 cela nous change des sempiternelles baffes violentes en féminicides à tour de bras du cinéma français.

Un polar bien sympathique, rondement mené dans un univers où tous les coups semble-t-il sont permis pour gagner. Nous suivons donc avec attention la course, les rivalités et les tricheries d’équipes nationales, jusqu’aux meurtres. C’est surtout le duo d’enquêteur·trice que se joue le plaisir d’admirer une époque révolue, de voir de plus près les coulisses, les stratégies inchangées en 2024, et les parrainages publicitaires pour une arrivée fdestuve, non aux Champs-Élysées, mais au Parc des Princes d’alors.

Avec les excellents Suzanne Dehelly et Jean Brochard, Luc Andrieux, Robert Berri, Pierre-Louis et Robert Blome, Roger Bontemps et Albert Broquin, Annette Poivre, Raymond Bussières et Emilio Carrer, René Dary, Jean Debray et Émile Genevois, Robert Le Fort, Jean Nossereau et Jean-Jacques Lecot, Jacques Mattler et Marcelle Rexiane.

Le film Cinq tulipes rouges, distribué par Pathé, est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne dès le 16 octobre 2024 en Combo Blu-ray + DVD - édition limitée, version restaurée en 4K à partir du négatif original sous la supervision de Pathé et avec le soutien du CNC. Il est proposé en audiodescription pour aveugles et malvoyants, sous-titrée pour sourds et malentendants, et sous-titre anglais. Dans les suppléments,  La Grande Boucle fait son cinéma, entretiens autour du film avec Benoît Heimermann, Matthieu Letourneux et Didier Griselain, Le Tour de France 1948 en quatre actualités Pathé d’époque.

Un très grand merci Rimini Editions à pour m’avoir permis de découvrir cette dramatique historique sortie en 1948, réalisé par Billy Wilder, sur une terrible réalité étouffée du disours historique sur le sort des femmes allemandes sur la fin de la seconde guerre mondiale et longtemps après avec l’occuupation militaire des alliées.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une commission parlementaire américaine arrive à Berlin pour enquêter sur les mœurs et les conditions de vie des GI’s en Allemagne. Phoebe Frost, puritaine et intransigeante, découvre les dessous de la réalité berlinoise, le marché noir et la prostitution. Elle apprend notamment qu’une chanteuse de cabaret et ancienne membre du parti nazi, Erika von Schluetow, bénéficie de la protection d’un officier américain, le capitaine John Pringle. Sur ordre de son supérieur, il feint de tomber amoureux de la rigide Phoebe afin de l’amadouer.

Billy Wilder, ayant découvert en 1945 que toute sa famille avait disparue dans les camps de la mort, réalisa le court-métrage Death mills (Les usines de la mort). Un documentaire sur la découverte des camps de concentration nazis. Il découvrait aussi une population allemande exsangue et la réalité du terrain. Il décide alors de réaliser ce film, nous montrant le décalage et la déconnexion des américains sur l’occupation et le comportement de leurs troupes.

La particularité de Billy Wilder dans son œuvre Outre-Atlantique, est son regard acerbe et critique de la société américaine, dont il se moque ouvertement avec son humour parfois grinçant. Trois ans après la fin de la seconde guerre mondiale, survolant avec satisfaction la capitale allemande vaincue par les alliés, rasée par des milliers de tonnes de bombes et assassiné près de cent mille civils, dont de nombreux juifs cachés. La caméra nous dévoile l’étendue des dégâts.

Une dramatique comédie faussement romantique sur fond d’Allemagne occupée par les troupes américaines, dont une membre de la commission d’enquête parlementaire vient sonder le moral des troupes. Ils vont bien, merci pour eux. Comme on le voit, les troupes d’occupation ont mis la population dans la misère et l’exploitation généralisée en une prostitution et viols systématiques. L’intrigue nous transpose dans une sorte de Berlin de Weimar, où John s'acoquine avec une chanteuse, Erika, ancienne nazie -Marlene Dietrich, résistante allemande antinazie, interprète ce rôle qui lui répugna pourtant par besoin d'argent,- dans un faux triangle amoureux avec Phoebe bien naïve. Un film marquant, malaisé à souhait.

Avec Jean Arthur et Marlene Dietrich, John Lund, Millard Mitchell, William Murphy et Charles Meredith, Gordon Jones, Frederick Hollander et Richard Ryen, Stanley Prager, Peter von Zerneck et Raymond Bond, Boyd Davis et Robert Malcolm.

Le film La scandaleuse de Berlin, distribué par Rimini Editions, nouveau master restauré HD est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne dès le 25 novembre 2024 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret - Blu-ray. Il est proposé en version originale anglaise sous-titrée français, et en audio français. Dans les suppléments, Entretien avec Frédéric Mercier (Positif) et Mathieu Macheret (Le Monde).

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir cette dramatique sortie en 1950, réalisée par Gilles Grangier, pour un thriller angoissant.

Au p'tit zouave est un café-hôtel du côté de Grenelle, avec sa clientèle bariolée du Paris populaire. Un assassin en série de vieilles filles, « l'homme à la bouteille de lait » sévit dans le quartier. Armand, le patron et quelque peu receleur de Louis. Hélène est une jeune femme rangée subit les avances de plusieurs clients qu'elle repousse. Fernande, la serveuse se mêle tout. Eugène, ancien policier est le souteneur d'Olga qui fait ses passes dans une des chambres du café. Quand arrive Denis, un jeune homme distingué et sympathique. Attiré par Hélène, il prend une chambre. Le commissaire Bonnet rode de près.

Un p’tit café comme il y en a tant avec ses habitués, la gentille prostituée, les joueurs de belotte, la jolie logeuse courtisée par un vieux cochon, par un amoureux pâlichon, le patron receleur, sa femme tout le temps rabrouée… sur toile de fond d’un tueur en série de vieilles filles, arrive un homme intriguant. Policier, maquereau, assassin ? et ce jeune homme élégant, sympathique et galant à faire tourner la tête des jeunes femmes, surtout d’Hélène si coincée. C’est dans une ambiance du Paris des années cinquante, dans un p’tit rade comme tant d’autres, dans une ambiance familiale ni pire ni moins glauque où chacun passe boire un verre, taper a belote, se chamailler, monter avec la péripatéticienne, draguouiller un peu que l’on se doute avec cette histoire de meurtrier entendu au poste de la TSF ou lu en première du journal qu’il faut craindre le pire.

Un excellent huis clos étouffant ù l’on cherce dès le début la prochaine victime et le tueur dans ne série d’intrigues brouillant les pistes afin de préparer la surprise à la dernière seconde, bien que l’on devine qui et pourquoi mais pas la chute finale. Un de ces films sociétal polar marquants, décryptant les mentalités machistes d’unee époque pas si révomue. Une superbe distribution quatre étoiles.

Avec François Périer, Dany Robin et Marie Daëms, Jacques Morel, Alice Field, Yves Deniaud et Paul Frankeur, Robert Le Fort, Bernard Lajarrige et Paul Azaïs, Marcel Delaître et Émile Genevois, Renaud Mary et Arthur Devère, Robert Dalban, Henri Crémieux et Annette Poivre, Jacques Beauvais et Franck Maurice.

Le film Au p'tit zouave, distribué par Pathé, est disponible dans les meilleurs bacs et en ligne dès le 16 octobre 2024 en Combo Blu-ray + DVD - édition limitée. Il est proposé en audiodescription pour aveugles et malvoyants, sous-titrée pour sourds et malentendants, et sous-titre anglais. Dans les suppléments, François Périer, le prince de l’ambiguïté, par Olivier Barrot, Dany Robin, la petite fiancée de la France, par Henry-Jean Servat, Robert Dalban : Profession second rôle, par Olivier Barrot.