J’ai beaucoup aimé ce film aux histoires qui se croisent entre deux hommes dans un hôpital pour comas longues durées. Pedro Almodovar, reprend une version très ancienne du conte de la Belle au bois dormant, dans le roman de Perceforest, ou celle-ci est réveillée du coma après avoir été violée par le Prince « charmant » et dont nait un enfant. Petit clin d’œil, la clinique s’appelle El bosque, qui signifie « le bois ». L’amour que voue un infirmier pour une jeune et belle danseuse dans le coma à la suite d’un accident, va croiser le destin d’une torero encornée et dont l’amant n’a pas fini d’aller de découvertes. Il est dit qu’il faut se parler entre nous, et plus encore aux victimes plongées dans le coma, qu’à défaut d’entendre, ils ressentent tout l’amour qu’on leur porte. Cette dramatique est découpée en plusieurs chapitres dont tous les fils finissent par se rejoindre. Comme d’habitude avec PA, la mise en scène est magnifique, la réalisation superbe et le ton alterne humour avec émotion. Telle une pièce de théâtre, nous suivons les destins tragiques avec passion, révolte, déjantages, côté court côté jardin, qui jamais ne laisse indifférent. J’ai beaucoup aimé le film muet inséré, L'amant qui rétrécissait, et dont j’ai adoré la belle mort de l’amant. C’est un hommage à L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold qui m’avait terriblement marqué ado. La danse d’ouverture de Pina Baush est à l’image de la trame, belle, triste et rythmée. J’ai adoré la composition des masques des protagonistes, secrets qui se révélent au grand jour des sentiments sur la fin. L’ambiance est juste magnifique de charme et d’envoutement qui hante longtemps.
Javier Camara (Lucia et le sexe) est excellent de folle passion jusqu’à l’extrême. Dario Grandinetti est magnifique de trouble. Rosario Flores est très spéciale sur son physique comme dans son jeu qui est terriblement exaltant de force d’émotion. Leonor Watling (Ma mère préfère les femmes (surtout les jeunes...)) est merveilleusement belle avec un regard magnifique, notamment à la fin. J’adore Geraldine Chaplin (Journal intime d’un nymphomane) qui est encore là extraordinaire. Mariola Fuentes (Etreintes brisées) est superbe. Quand à la belle Elena Anaya (Capitaine Alatriste), elle est magnifique et émouvante en mariée, que je lui dirai volontiers oui, de même que je mourrai avec douceur en Paz Vega (Dis-moi oui) qui est excellente dans le petit film muet. Roberto Álvarez, la belle Lola Dueñas (Jour de foot), le frérot Agustín Almodovar, et en caméo, Marisa Paredes (L’échine du diable) et Cecilia Roth (Les amants passagers) contribuent à la belle réussite du film. Enfin, l’excellente danseuse et chorégraphe Pina Bausch, participe à l’ambiance, et surtout, le chanteur Caetano Veloso a de ces vocalises extraordinaires pour interpréter cette magnifique chanson Cucurrucucú Paloma qui prend aux tripes et reste longtemps au cœur.