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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 08:14

Pourquoi, dès que j’ai lu aux premières secondes du film ces quelques mots « Hiroshima 6 août 1945 », ai-je eu une angoisse se crisper dans mon ventre ?

De fait, cette crainte sourde et violente ne m’a pas quitter de toute la durée de cette terrible et émouvante histoire. Ce magnifique film de Shōhei Imamura est inspiré du roman de Masuji Ibuse, qui relate principalement le sort de Yasuko, jeune fille de quinze ans qui va retrouver son oncle et sa tante. Lors de la traversée en barque, elle va être témoin de la pire des abominations commises avec l’utilisation de la première bombe nucléaire. Une pluie noire radioactive retombe ensuite en très grosses goutes et touche la jeune fille… Dix ans plus tard, quant la vie semble être revenue à la normale, les hibakusha -survivants des explosions- subissent les effets avec les cancers qui les tuent les uns après les autres, la folie qui a affecté certains par les peurs, et l’impossibilité pour la belle jeune femme de vingt cinq ans qu’est devenue Yasuko de trouver de mari. Jamais le film ne porte d’accusation haineuse à l’égard du crime contre l’humanité dont se sont rendus coupables les américains. Juste un constat de ce qu’ils ont fait. Le film est terriblement poignant sur le sort de ces gens qui meurent en silence, atroce la reconstitution des premières secondes de la ville détruite, de ces civils brûlés qui fondent debout, de ces carbonisés, de ces ombres vitrifiées et de toutes ces horreurs inimaginables perpétrées par la chaleur incandescente. La réalisation est magistralement odieuse de subtilité, de tendresse, parfois d’humour avec ce lieutenant terrorisé au moindre bruit de moteur. Le noir et blanc accentue cette impression d’horreur éprouvante. Aucune argumentation ne pourra jamais justifier ces bombes, et moins encore les pardonner. Bien sûr que le Japon s’est salement comporté durant cette guerre. Mais faut-il être plus nazi que les nazis ? Le ton du film est centré seulement sur les conséquences de la bombe sur les victimes, les seuls qui méritent notre attention.

Pourquoi malgré l’inéluctable de cette histoire mes yeux se sont-ils mis à couler lentement et longtemps encore après le générique de fin ?

Yoshiko Tanaka, merveilleusement émouvante, et disparue trop tôt d’un cancer en 2011, est à l’image de son personnage, d’une très grande émotion. Kazuo Kitamura, Etsuko Ichihara et Hisako Hara sont terribles de force d’émotion, quant Shoichi Ozawa est excellent de folie. Suivent Norihei Miki et Masato Yamada, Tomie Ume ainsi qu’Akiji Kobayashi qui complètent une troupe magnifique, rendant à ce film toute sa puissance narrative.

4 étoiles

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