Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 10:22

Très beau film sur la prostitution, dont Fernando León de Aranoa s’est hyper documenté, tellement tout sent le vécu vrai et va à l’encontre des trop souvent films du genre fantasmés. Prostitution quotidienne et ordinaire de celles qui ne tombent pas forcément dans des réseaux internationaux, mais sans nul doute tout aussi bien mal vécu, triste et glauque. Princesas sont donc deux jeunes femmes, l’une espagnole qui cache ses activités à sa famille, et l’autre une immigrée dominicaine. Caye, la jeune espagnole, retrouve ses copines dans un salon de coiffure dans un quartier chaud de Madrid où s’étalent une quantité de jeunes femmes du monde entier, dont Zulema, et le va et vient incessant des clients, surtout à la tombée de la nuit. La rivalité est très dure entre les natives qui voient dans ces étrangères une rude concurrence sur les prix des passes bradées, et casse leur pouvoir d’achat en perdant leur clientèle. Le hasard va faire croiser les deux jeunes filles rivales vers une amitié solidaire, et nous faire vivre les difficultés inhérentes à un tel métier dans leur vie quotidienne. Que se soit pour assurer un revenu décent et régulier, pour trouver une belle histoire amoureuse à côté des risques d’être reconnues par des clients, des violences physiques et des maquereaux, ou des maladies sexuelles graves. Ce qui n’empêche pas des moments d’humour, tant les répliques sont souvent savoureuses, d’espoir et de tendresse. La réalisation est extraordinaire de réalisme et de crudité sans jamais sombrer dans le voyeurisme glaude et dégradant. Les jeunes femmes sont attachantes et attendrissantes au possible. L’ambiance est angoissante en permanence, tant on craint pour elles le pire qui ne manque hélas jamais d’arriver, dans une vie sans avenir de survie, dans le rejet des autres, et dont il est extrêmement difficile d’en décrocher. J’ai adoré ce film par toutes les qualités qu’il concentre avec autant de justesse et d’équilibre, sans jamais porter le moindre jugement ou parti pris, avec une extrême lucidité. A noter la superbe chanson Me llaman caye de Manu Chao qui transcende d’autant mieux l’histoire.

Il faut dire que le choix des interprètes est de grande qualité. Candela Peña est extraordinaire de vérité criante, vivant son personnage avec une très grande sincérité d’émotion. Micaela Nevarez est non seulement belle mais également convaincante de talent et de force. Il en est de même de Mariana Cordero et Llum Barrera (Journal intime d’un nymphomane), comme de la très jolie Monica van Campen, émouvante, ou de Flora Alvarez, et encore des belles Violeta Perez (Biutiful), María Ballesteros Pepa Aniorte (Volver) et Alejandra Llorente qui font preuves de talent marquant. Les hommes n’ont pas souvent de beaux rôles comme Antonio Duran (Cellule 211), pas mieux de Pere Arquillué et Luis Callejo, mais des sympas existent aussi avec Alberto Ferreiro (La mauvaise éducation) et tous avec brio et conviction.

« Comme les princesses. Elles sont si sensibles qu'elles peuvent sentir la rotation de la Terre. C’est pourquoi elles sont prises de vertiges tout le temps. Elles disent qu’elles sont si sensibles qu’elles tombent malades loin de leurs royaumes. Elles peuvent même mourir de tristesse »

3 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires