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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 14:46

La particularité de Laïla Marrakchi, est d’aborder des sujets sensibles de la société marocaine par petites touches critiques avec d’infinies subtilités. Elle avait commencé avec Marock, sur une histoire de jeunesse dorée confrontée entre tradition et modernité, à l’image du Maroc. Un bien beau pays moderne par bien des aspects, mais terriblement archaïque par la religion dont la charia est présente par la moudawana, dont la célèbre avocate Fadela Sebti combat les arguments rétrogrades et réactionnaires, souvent en contradiction avec l'islam, plus issus de traditions machistes. A la suite du décès du vieux patriarche, Laïla nous conte sur les trois jours des funérailles une histoire faussement vaudevillesque, quelque peu gentillette, pour mieux dénoncer la condition des femmes marocaines dans une société musulmanes tiraillée entre tradition et modernité. L’humour et l’émotion permettent des critiques plus en profondeur d’injustices flagrantes telles les parts d’héritage, la place des femmes dans la vie professionnelle comme familiale ou le droit aux plaisirs. La réalisation est volontairement sobre et efficace. Le fantôme du défunt en fil conducteur est intelligemment amené pour mettre en exergue tous les préjudices que la vie de cet homme a pu avoir sur sa famille. Et encore, avons-nous là un exemple d’une fratrie bourgeoise, riche et éduquée, donc avec une marge de manœuvre qui donne des libertés auxquelles ne peuvent prétendre l’immense majorité des femmes marocaines, sauf, celles, heureusement de plus en plus nombreuses et porteuses d’espoirs des ouvrières comme aperçues dans le magnifique Sur la planche. Le titre fait référence à la révolution iranienne dont le régime islamique avait condamné la musique en générale, rock en particulier –bien raconté par Bahman Ghobadi dans Les chats persans- The Clash avait réagis avec la chanson Rock the casbah devenant ainsi une expression symbole de désobéissance pour une cause juste. J’ai donc bien aimé cette réalisation, à la mise en scène et aux images de qualité, un ton un peu théâtral qui passe bien, et une bonne dose d’humour pour faire passer la pilule amère.

Le casting est magnifique, venu des quatre coins du monde pour une meilleure représentativité de l’universalité des femmes, et dont j’apprécie particulièrement. Ainsi, les belles Morjana Alaoui (Martyrs) excellente d’émotion, Nadine Labaki (Et maintenant on va où ?) drôle et Lubna Azabal (Goodbye Morocco) toujours aussi convaincante. Hiam Abbass (Une bouteille à la mer) est impressionnante de rigidité. Adel Bencherif (Poupoupidou) est tout aussi parfait, que Raouia (Française) et Assia Bentria sont excellentes. Enfin, Omar Sharif toujours impressionnant.

2 étoiles

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