Rouge sang

Je me suis fais avoir à la lecture du résumé de ce film qui se passe au réveillon 1799 avec l'arrivée de soldats anglais dans une maison québécoise, isolée dans la forêt. J'ai pensé que ce serait un film, sinon historique, du moins d'époque. C'est un peu de ça au début, mais très vite, la teneur de la tragédie à venir ne laisse plus de doute sur le caractère du thriller qui se met en place. Avec l’arrivée de ces soldats, la tension monte, le danger se fait pressant et l’angoisse s’installe définitivement. L’animosité entre anglais et français du Québec, entre protestants et catholiques entre maitres et soumis, et entre hommes et une jeune femme, est palpable d’entrée de jeu. Après le départ du père de famille, sa femme enceinte et ses trois enfants en bas âge, attendent son retour pour réveillonner. Quant arrivent cinq soldats anglais quelques peu hostiles, dont un est blessé. Dans une ambiance délétère, où l’animosité risque à tout instant d’éclater, chacun tente d’y mettre du sien en attendant la fin de la tempête de neige qui sévit. La tension monte quant progressivement, la jeune femme semble comprendre qu’ils ont tué un homme qui pourrait être son mari. Alors, dans le chagrin, elle décide de se venger…

J’ai adoré ce film de Martin Doepner, qui m’a donc surpris par son thème de thriller horreur, par l’ambiance et la réalisation. Ça m’a fait penser un peu à Stephen King, avec cette tension et surtout l’absurdité des événements qui s’enchainent, et cette terrible fin tout à fait jouissive. S’il y a des horreurs et de la violence, ce n’est jamais glauque ou gore. La mise en scène est excellente, avec cette montée en puissance où l’on craint venir quelque chose d’horrible qui ne nous lâche jamais, sans que l’on sache d’où va venir le danger et pourquoi. Tout s’est mise en place dès les premières images pour nous faire passer un terrible réveillon, avec succès.

Enfin, l’interprétation de comédiens que je ne connais pas et qui méritent qu’on s’y intéresse de près. Ainsi, la jolie Isabelle Guérard est excellente de force diabolique qui la transcende complètement. Lothaire Bluteau et Anthony Lemke, comme Vincent Leclerc ou Arthur Holden et le jeune Jonah Nimijean, sont marquants. Tout autant Peter Miller et surtout les enfants André Kasper Kolstad et la petite Charlotte St-Cyr qui sont brillants.