Voilà encore un western bien intriguant, car relevant plus du thriller dramatique et psychologique avec un zeste de fantastique que du far west classique auquel nous sommes habitué. William A. Wellman réalisait un film d’une qualité magnifique, tant par la mise en scène, sans nous rappeler le style hitchcockien, et l’utilisation d’une trame de couleur particulière. L’histoire narre une dramatique familiale, quasi huis clos, entre une mère possessive en adoration pour son fils ainé sur ses trois garçons et un dédain mépris pour sa fille, et un père alcoolique dominé par sa femme. Le fils ainé, imbu, autoritaire, abject se prenant pour le centre du monde en vrai tyran. Le cadet, sympa qui tente de temporiser entre les abus des uns et les faiblesses des autres à son détriment de la part de tous. La sœur, soumise et rebelle, déjà vieille fille et rejetée par tous. Enfin, le petit dernier sans grande envergure, poltron, minable sans personnalité et écrasé par tous, amène une jeune femme qu’il souhaite épouser. Celle-ci, jeune et belle, décidée et amoureuse, provoque la haine des parents et du fils prodige. Elle est perçue comme un danger pour certains qui ne souhaitent pas partager les terres familiales, et vue comme une bénédiction pour d’autres qui espère un rééquilibrage des forces. Enfin, un vieil indien, serviteur esclave depuis la nuit des temps est craint par tous. Plane dans ce contexte, une histoire d’un puma mythique qui suscite la peur et convoitise obsessionnel, qui justifie une chasse hasardeuse. Animal symbolique de la présence des européens sur les terres indiennes, esprit vengeur du génocide qui perturbe l’ambiance. L’utilisation de couleurs monochromes, avec un contraste violent entre le noir et blanc sur lequel ressortent des couleurs vives comme le feu, et le manteau rouge, donne une tonalité intrigante à l’atmosphère. Vision moderne dans un far west archaïque, qui innove, étonne et m’a passionné.
J’adore Robert Mitchum (L’enfer des tropiques) qui était un excellent acteur, et le prouvait encore une fois en nous hantant durablement. La belle Diana Lynn est magnifique de présence en un regard, une expression qui envoute littéralement. La jolie Teresa Wright, comme Tab Hunter, ou la terrible Beulah Bondi, et encore l’excellent Philip Tonge, comme William Hopper, marquent de leur talent cette superbe fable, que Carl 'Alfalfa' Switzer trouble de ses pouvoirs.