Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 07:50

Une fois de plus, comme dans toute son œuvre, Luchino Visconti a inséré ses propres souvenirs personnels dans cette trame en un huis clos tragique et désespéré. Là aussi, comme Akira Kurosawa avec Ran, la maladie l’ayant diminué et la fin de sa vie approchant, LV nous raconte le temps qui passe trop vite, avec les regrets et les remords tardifs. Un vieil aristocrate, vit reclus dans son luxueux immeuble, seul, veuf depuis longtemps et sans enfant, avec pour seule compagnie ses tableaux de maîtres, qui tous parlent de familles nombreuses et heureuses. Surgit alors des voisins tout aussi excentriques et désinvoltes, qui vont bousculer son morne quotidien, d’abords avec agacement, puis qu’il va aimer comme sa propre famille. Dans le lot, une aristocrate riche et son jeune amant, sa fille adolescente de seize ans et son compagnon, qui tous couchent avec tous dans la déliquescente et l’immoralité, sans le moindre scrupule, mais pas sans complications. J’avoue que j’ai eu du mal sur le moment à apprécier l’ambiance et les personnages, tant j’y ai trouvé de l’encaustique dans le décor et les mentalités, de la désuétude dans les relations et comportements des uns et des autres. Je ne nie pas que j’ai été mal à l’aise sans trop savoir pourquoi, sauf la peur de me reconnaître dans ce vieillard solitaire que je serais probablement, avec les mêmes regrets et de mourir seul étouffé par le chagrin et la solitude. Il n’en reste pas moins vrai que ce film est très fort et marquant, tant dans la mise en scène que dans la dualité entre la pudeur et l’explosion des sentiments et des chairs qui s’entrechoquent et que l’œil de la caméra rend d’autant plus pugnace et parfois sinon glauque, un tantinet gênant. Ressentiment que j’ai retrouvé dans les bonus, avec les témoignages de tous les principaux interprètes, sauf des actrices, dont la gamine, mineure à l’époque, qui ne peuvent donner leur ressenti notamment sur les scènes de nue, quant les hommes racontent les conditions de tournage difficiles face aux exigences du maître génial et colérique. Un film qui hante longtemps.

Burt Lancaster est merveilleusement impressionnant de talent, de retenue et de fragilité, face à l’excellentissime et belle Silvana Mangano, qui donne à son personnage une dimension extraordinaire. Helmut Berger, combine toutes les facettes troubles de son rôle avec force persuasion. La jolie Claudia Marsani, toute jeune et pleine de talent faisait sa première apparition au cinéma, tout comme Stefano Patrizi, tout aussi brillant. La trop belle Claudia Cardinale (Un balcon sur la mer) que l’on voit trop peu, faisait un caméo sympa. De même, je regrette que le cinéma français ne fasse pas jouer plus souvent Dominique Sanda, qui allie beauté et charme évanescent qui envoute avec talent.

2 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
Oui moi aussi, sur le moment j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à l'histoire et l'ambiance vieillotte, et en laissant passer quelques jours, j'ai modéré mon ressenti. Le guépard est sans doute à redécouvrir...
Répondre
D
Bonjour Bob, j'ai revu ce film l'année dernière lors d'une reprise à Paris, j'avoue que j'ai été très déçue, l'histoire était ancrée dans les années 70, j'ai trouvé que cela avait beaucoup vieilli. Les comédiens sont bien dirigés comme toujours. Mais ce n'est pas ce film que je conseillerais pour découvrir Luchino Visconti.
Répondre