Autant le dire d’entrée de jeu, il ne faut pas voir le film de Darren Aronofsky (Black swan) comme une retranscription de la Bible, mais l’adaptation d’un péplum fantasy d’après un comic-book dont-il est lui-même le co-auteur avec Ari Handel de Noé, pour la cruauté des hommes, et illustré par Niko Henrichon.
Donc, dans une terre désolée, l’arrière descendant d’Adam et Eve vivotant chichement avec femme et enfants, pense déceler un message de son dieu. De cauchemars en crises d’angoisses pathologiques schizophrènes, il croit comprendre que la fin du monde est proche et ce, par noyade. Il décide alors avec l’aide de monstres de pierre géants, de construite un immense navire afin d’y sauver les animaux. Tel un gourou illuminé d’une secte, envahi de folie et d’égoïsme meurtrier, il n’hésite pas à rejeter vers une mort certaine avec un cynisme et un manque de solidarité et d’humanité, tous ceux qui pourraient être sauvés, innocents ou coupables. Histoire d’autant plus terrible que son projet n’est pas de sauver le monde condamné à mort, mais également d’éteindre sa descendance tels ses enfants, entre une fille stérile et des garçons sans femmes, dont il ne veut que leur extinction totale.
J’avoue que j’ai été surpris par la tournure très sombre de cette narration qui m’a très vite montée au cœur, tant c’est sordide à l’extrême. La violence psychologique est telle que ça m’a prit aux tripes. Cependant, la mise en scène est excellente, la montée en puissance de l’horreur est terrifiante, comme la désolation du génocide qui se prépare est inexorablement épouvantable. J’ai longtemps cru à une réalisation de Terrence Malik dont son The tree of life dans un univers Seigneur des anneaux, tant le rythme et la musique sont pour le coup étirés en lenteur en langueur. La folie meurtrière de Noé est tellement poussée à l’insupportable que j’en étais agacé jusqu’à l’écœurement. Il m’a fallu du temps pour me remettre de mes émotions, prendre le recul nécessaire pour me réapproprier le film avec plus de sérénité tant en sortant j’étais partagé sur ce que je venais de voir.
Depuis tout gosse, je n’ai jamais compris comment on pouvait vénérer un dieu aussi monstrueusement égocentrique, haineux et haïssable, machiste et homophobe, raciste et génocidaire à l’image des hommes qui l’ont créé en un temps reculé de l’ignorance des contes à dormir debout, pour auditoire crédule d’analphabètes incultes manipulables. D’où ma colère quand j’entends parler de conversion au judaïsme ou à l’islamisme qui sont des religions de haine, d’intolérance et de soumission, sans parler de mutilation païennes et barbares. Depuis pourtant, il y a eu le cinéma qui devrait réveiller les masses. Peut-être qu’avec ce film...
Du coup, revenons à la véritable histoire du fameux déluge. A l’origine, après une inondation suivie d’un tremblement de terre, un tsunami s’est formé dans le golfe persique, engloutissant la ville de Dilmun sur l’ile de Bahreïn. Ce fait historique, est devenu une légende sumérienne qui a été reprise dans un livre de contes et légendes appelé la Bible, lorsque les hébreux, après avoir quitté leur Arabie natale sont arrivés dans la ville d’Ur. C’est à partir d’un mythe mésopotamien décrit dans le Poème du Supersage datant de 2.800 ans avant J.-C., et dans la légende de Ziusudra, qu’il est rédigé dans le pentateuque entre 586 et 720 avant JC, avec des confusions et deux fins alternatives. Sauf que Noé et sa famille sont tous pourvus en femmes et enfants afin de perpétuer la vie. Légende reprise par le calife Uthman lorsqu’il a réadapté le pentateuque en écrivant le Coran.
Quand à Adam et Eve, la légende provient des Védas, livres sacrés de l'Inde de 1.200 ans avant J.C., où c’est Adima qui oblige Eva à croquer, non la pomme mais la figue. Si Dieu ne voulait pas qu’ils y goutent, fallait pas mettre l’arbre à porter de mains.
Enfin, petit rappel issu de la kabbale, Eve n’est pas la première femme, mais Lilith dont l'origine provient du culte de la déesse sumérienne Anat, de 2.000 av J.C. Née comme Adam, elle quitte le paradis suite aux injustices sexuelles machistes, considérée depuis comme la première féministe. Elle reviendra en incube (homme) afin de venger la mort de tous ses enfants que l’ange Gabriel sur ordre de Dieu assassine chaque jour pour la faire souffrir et la forcer à revenir soumise au mari. Elle séduit Eve, et la convainc de croquer au fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. De son union avec Eve, naitra Caïn. Yahvé sera tenté à son tour par Eve dont elle enfantera Abel. C’est pourquoi quand les deux frères lui offrent des cadeaux d’égales valeurs, dans son immense injustice, Dieu choisira celui de son fils, qui se fera tuer par son frère rendu jaloux. Seul Seth sera le vrai fils d’Adam et Eve. Adam est donc le premier cocu de cette histoire.
Si les croyants du monde se mettaient à réfléchir, chercher et comprendre, il n’y aurait plus beaucoup de fanatisme religieux, et ce ne serait enfin le Paradis sur terre. Il suffit juste de croquer à la pomme de la connaissance.
Pour ma part, je n’ai jamais considéré que la révélation du bien et du mal en croquant le fruit défendu, soit un péché. C’est par la connaissance de cette dualité que l’homme peut espérer être bon en différenciant chacune de ses pensées et chacun de ses actes en toute perception de la pureté ou de la cruauté des ses agissements. Ce « dieu » qui préfère l’humanité dans l’ignorance est lui-même le mal incarné, lui qui ne passe son temps qu’à exterminer le monde. En totale opposition d’un Jésus qui ne parle que d’amour et de tolérance, de partage et de paix, sans aucun appel au meurtre, et n’ayant de sang que le sien. A se demander en quoi il pourrait se référer à ce « père ».
Le casting est varié et de qualité. Ainsi, Russell Crowe (Man of steel) est terriblement marquant par ce fanatisme qu’il dégage avec force, tout comme à l’inverse, Jennifer Connelly (Un amour d’hiver) en soumise et sans volonté, un peu trop amorphe. Pour sa part, Emma Watson (C’est la fin) est impressionnante d’émotion, comme Douglas Booth (LOL USA) et Logan Lerman (Percy Jackson), Ray Winstone (Blanche neige et le chasseur) et Anthony Hopkins (Thor), ainsi que Leo McHugh Carroll et Nick Nolte (Parker). Dans sa courte apparition, Madison Davenport (Possédée) est terriblement marquante d’émotion. On y aperçoit également Sami Gayle (Le congrès), et la jolie Ariane Rinehart en Eve. Enfin les jeunes Finn Wittrock (Twelve) et Gavin Casalegno, (The iceman) et Nolan Gross ou encore Skylar Burke et Dakota Goyo (Real steel).
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