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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 14:58

Vague adaptation d’un long poème en vers de Joseph Moncure March qui parue en 1928 -en français La nuit d'enfer- dont la trame était un cri de rage contre la prohibition et le puritanisme qui sévissait alors durement aux States, et sur l'âge du jazz. James Ivory et reprenant honteusement de nombreux éléments d’un scandale qui entacha Roscoe Arbuckle. En plus de ce film, deux comédies musicales ont été créées et composées par Michael John LaChiusa, et Andrew Lippa.

En cette année 1929, Jolly Grimm, ancienne gloire du cinéma muet, tente de relancer sa carrière en organisant une soirée de projection de son dernier film qu’il a écrit, réalisé et produit dans une sorte de baroude d’honneur. Pour ce quitte ou double, il tient à le projeté à tout le gratin d’Hollywood qui ne s’empresse pas à son invitation. Gros, laid, désespéré, violent et imbu de lui-même, accompagné de sa jeune et jolie maitresse qu’il maltraite, il ne semble pas vouloir comprendre que le temps du muet est révolu avec l’arrivée fracassante du parlant. La soirée débute difficilement avec de rares anciens amis producteurs peu intéressés, sur une réaction mitigée du son public, et vire dans l’alcool et le sexe, en partouze échangiste, mêlée de rancœur et dans la violence.

Sur une reconstitution d’une époque phare du cinéma, le film bénéficie de qualité d’accessoires indéniables dans les décors et costumes, comme dans la musique, qui plus est, aux couleurs riches et chatoyante. La mise en scène est fluide, la montée en puissance de l’ambiance qui vire glauque puis dans l’explosion de haine et de mort est bien mise en exergue. Et je crois que ça s’arrête là, tant nous somme loin d’un The artist ou d’un Boulevard du crépuscule. En effet, la teneur de l’histoire est d’un parti pris évident à arrière gout détestable qui fustige un milieu dans la poursuite du scandale dont le réalisateur prend sa source avec une profonde injustice au regard de la réalité. Le personnage de cette fiction est tellement loin de Roscoe que s’en est honteux de continuer de le salir, quand une réhabilitation eut été méritée.

Roscoe Arbuckle était une star du cinéma muet, entre autre célèbre avec sa série des Fatty. C'est lui qui offrit la première apparition de Buster Keaton à l'écran, et supplanta largement Charly Chaplin, jusqu’à cette nuit du 5 septembre 1921 où il fut injustement accusé par Maude Delmont -trouble et douteuse, mêlée dans des affaires de chantage- du viol de la jeune actrice Virginia Rappe -elle-même à la vie dissolue- et qui mourut quatre jours plus tard. Les experts médicaux conclurent à la mort naturelle de la jeune femme d'une péritonite due à une rupture de la vessie d’un récent avortement. Roscoe Arbuckle fut le bouc émissaire idéal d’une campagne orchestrée par le sénateur républicain d’extrême droite, William Hays, partisan de l'ordre et de la moralité, qui abouti à l'adoption du code de morale cinématographique pour la censure du cinéma américain, le Code Hays, en vigueur de 1934 à 1966. Le 18 avril 1922, Roscoe Arbuckle devint le premier acteur à être mis sur une liste noire. Plus qu’une carrière, c’est une vie qui fut injustement brisée.

Les interprètes jonglent entre les mimiques du muet et du parlant avec un James Coco convaincant face à Raquel Welch et Perry King, la belle Tiffany Bolling et Royal Dano (L'homme de l'ouest), David Dukes et l’adorable Christina Ferra-Gilmore mais aussi Eddie Lawrence et Bobo Lewis, ou encore Don De Natale, Dena Dietrich et Regis Cordi, Jennifer Lee.

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commentaires

P
En même temps, il n'y a rien de honteux, puisque jamais le nom de Roscoe Arbuckle n'est prononcé dans le film. Il s'agit plus là, selon moi, d'une reconstitution d'une époque à travers un moment clé (le passage du muet au parlant) et ses mœurs douteuses. Ce qui aurait pu être pas mal (l'émotion du numéro de danse notamment), si le réalisateur ne s'était pas vautré dans une fin convenue et ridicule et s'il n'avait pas abusé des numéros de danses...
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B
Tu as raison, le film n'évoque pas explicitement Roscoe Arbuckle et peut se regarder sans ces éléments, qui n'en reste pas moins une belle fresque d'une époque charnière et je n'ai pas employé d'honteux. Cependant, des indices précis relatent bien l'affaire par plus que des clins d'œil pour un regard averti. Comme toi, je regrette la fin ridicule, mais qui pour moi est une symbolique de l'affaire Arbuckle.

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