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10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 11:10

Un très grand merci à Les Mutins de Pangée pour m’avoir permis de découvrir ce très beau et passionnant biopic, sorti en 2018, réalisé par Gérard Mordillat, adapté du livre homonyme de Michelle Perrot, sur la vie et l’engament de Lucie Baud, ouvrière syndicaliste féministe dont les combats sont toujours hélas d’actualité.

Sur fond de chansons, la vie de Lucie Baud (1870-1913), l’une des premières syndicalistes françaises, figure oubliée du syndicalisme, porte-parole féministe, qui, en 1905 et 1906 mena les grandes grèves dans les filatures de tissage de la soie à Vizille et Voiron. Elle est une de ces femmes exemplaires, de ces héroïnes du quotidien dont la vie familiale, la vie amoureuse et la vie militante ne sont qu’une seule et même vie, une vie vouée à briser « l’infinie servitude des femmes ».

Une très belle évocation du combat des femmes ouvrières, exploitées, violentées, assassinées, méprisée et victimes du grand effacement opéré au début du dix neuvième siècle encore actif de nos jours, dont, malgré des victoires, les acquis s’érodent et se remettent en question en macronie. Lucie Baud, comme Eulalie Belbéoch lors des grèves des Penn sardin exploitées par d’anciens négriers reconvertis à la fin de l’esclavage, s’est battue contre le patronat toujours prompt à les pressurer avec la complicité de l’église et de l’armée. Les combats des femmes, ouvrières et paysannes, dans le machisme général a et est encore mis dans l’ombre syndicale et politique. Il faudra attendre cette année 2023 pour voir enfin des femmes à la tête des deux plus grandes centrales syndicales, alors pour la parité, il y a encore du boulot.

Les violences faites sur les travailleuses est toujours d’actualité, que les mouvements #metoo et #balancetonporc ont révélé des viols en entreprise sans faire bouger les lois et mentalités politiques, qu’il y a encore beaucoup de combats à mener et de Lucie Baud à prendre la relève. Et en effet, la petite Lucie a bien lu ses Évangiles, Jésus ne meurt pas sur la croix, il y reste trois heures et est décroché vivant, réapparaissant après cicatrisation, barbe rasée pour ne pas être reconnu auprès de sa compagne… mais ça, c’est une autre histoire sauf qu'il a apporté un message révolutionnaire  pour l'époque annihilé par les prêtes une fois au pouvoir. Pourtant, c’est par la manipulation et le conditionnement que les églises quelqu’elles soient, exploitent le genre humain, surtout les femmes.

Un film prenant et émouvant qui restitue la condition des ouvrières exploitées en usines dès leur plus jeune âge, souvent huit ans pour des horaires de quatorze à dix huit heures par jour sur six, sans congés, sans retraite, sans sécurité sociale ni aucune reconnaissance, pas même et moins encore durant la première guerre mondiale, où paysannes et munitionnettes et obusettes dont le suffixe était déjà un mépris, étaient exploitées sur plus d’heures, toute la semaine moitié moins payées que les hommes patrons soutenus par les syndicats contre elles, dont beaucoup sont mortes à la tâche sans obtenir ne serait-ce que le droit de vote obtenu par les allemandes vaincues dès l’armistice. Et que dire des infirmières « bénévoles » formule pratique pour ne pas dire esclavage. Une militante syndicale et féministe dont c’est à ce titre que Lucie est invitée au congrès de 1904 et non par faveur d’un amant militant fictif. Une situation ouvrière déplacée d’Europe en Asie d’où tous nos achats proviennent de millions de femmes exploitées par des communistes capitalistes.

Avec Virginie Ledoyen et Philippe Torreton, François Cluzet, François Morel, Alain Pralon, Marc Barbé et Jacques Pater, Patrice Valota, Yann Epstein et Jean-Damien Barbin, Lorraine Mordillat, Victorien Liesse, Marianna Granci, la jeune Alix Rivoire-Garcia et Esther Bastendorff.

Le film Mélancolie ouvrière, distribué par Les Mutins de Pangée, est toujours disponible dans les meilleurs bacs et en ligne. il est proposé dans un très beau coffret comprenant le DVD du film et un cd des chansons du film + un livret de quarante quatre pages, et en VOD. Dans les suppléments, entretien avec l’historienne Michelle Perrot, À propos de Mélancolie ouvrière, entretiens avec François Catonné (Image), Odile Conseil (Casting), Gérard Mordillat (Réalisation) et Jean-Claude Petit (Musique).

 

3 étoiles

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