Guerrière - Kriegerin

Petite plongée dans le monde des néo-nazis… nazis tout court, ou plus exactement celui des femmes dans ce monde qui n’est pourtant pas le leur. Entre fiction et documentaire, cette étrange histoire de jeunes adolescentes qui se mêlent à ces groupuscules d’extrême droite est extrêmement bien décrite. Sans jamais porter de jugement, David Wnendt tente sinon de comprendre les motivations de ces jeunes femmes, au moins nous décrire leur parcours. Il s’est énormément documenté, s’étant entre autre, entretenu avec nombre de ces filles et obtenu leurs témoignages, pour nous décrire des portraits pour le moins étonnant. Dans un état de mal être, d’une forme de rejet et de révolte, certaines vont dans des mouvements religieux, des sectes, où malheurs et soumissions sont leur lot. Ce qu’il y a de perturbant en plus d’un mouvement aussi hard que le nazisme, c’est qu’elles ont les premières formes de rejets, de mépris et les victimes. La philosophie d’extrême droite étant la haine de tout, d’eux-mêmes en premier, et qu’il est difficile de comprendre le cheminement d’une jeune fille, quelque soit sa classe sociale, dans cette extrême haine des autres et de se faire haïr autant des siens. L’histoire nous conte donc, une jeune ado, accoquinée avec un gros con de nazi. Alcool, drogue, bagarres, chômage cloisonnent une vie sans horizon, sans perspective de bonheur ni de joie. Elle commence à en prendre conscience suite à l’agression de jeunes afghans, et tente de prendre un nouveau chemin. Surprenant que l’héroïne sorte de sa léthargie en aidant l’un d’eux, lui-même porteur de haine et de souffrance contre les femmes. J’ai été très pris par cette douloureuse et tragique histoire, par le regard neutre de la caméra et l’excellence des interprètes.

La jolie Alina Levshin exprime avec force toutes les émotions de violence, de haine, de douleur et de compassion. Jella Haase est très marquante, et la scène du paquet de cigarettes coupe toute envie d’en fumer. Gerdy Zint est juste abominable avec conviction, quant le jeune Sayed Ahmad n’est malgré tout pas plus sympathique. Lukas Steltner et Anne Laszus apportent leur part de trouble avec efficacité.