Shadow dancer

Durant des siècles, avec l’occupation anglaise en l’Irlande, toutes les saloperies ont été commises par l’occupant. Massacres, déportations et génocide contre un peuple souverain. Rarement en Europe, pire barbaries auront été perpétrées, même après la seconde guerre mondiale qui aura été le summum de l’ignominie humaine. Le film de James Marsh, adapté du roman de Tom Bradby est basé sur le vécu de milliers de civils irlandais durant des décennies. Le MI5, services secrets anglais, a usé et use t-il encore ? de pratiques dignes de la gestapo, par l’infiltration au sein des familles irlandaises, d’indics contraints et forcés. Dans cette guerre souterraine, toutes les manipulations des uns firent des ravages chez les autres. Par la presse, par les rumeurs, les internements arbitraires, et les assassinats, tant de militants de l’IRA, que de civiles hommes, femmes et enfants ont pesé lourdement dans ce conflit. Un chiffre est éloquent, quand au nombre de morts perpétré par les orangistes loyalistes, ces colons à la solde de l’Angleterre qui furent bien supérieur, que ceux de la part de l’IRA. On sait maintenant comment. L’histoire nous conte l’arrestation d’une jeune femme combattante, dont le petit frère fut assassiné enfant par l’armée anglaise, et qui se voit proposer de trahir les siens, en tant qu’indic, sous la menace de dizaine d’années de prison, et d’enlèvement de son enfant. L’histoire est magnifiquement racontée, avec un suspens incroyable de bout en bout, de surprises et de révélations, dans une ambiance délétère épouvantable. J’en ai eu des crispations d’angoisse et de colère, à suivre les protagonistes, face aux méfiances, aux dangers où chacun tente de trouver sa place, de s’en sortir et savoir sur qui compter tant les incertitudes sont pesantes. En attendant un jour la liberté, et une réunification de l’Irlande qui mettra fin à treize siècles de souffrance, ils n’ont d’autres choix que de se soutenir. Donc, en ces heures de dialogue pour une paix politique par la cessation des armes, les extrêmes dans chaque camps n’en finissent pas de manipuler et de se combattre sourdement. J’ai adoré la manière dont je me suis senti embarqué et manipuler à mon tour, où finalement plus personne ne sait qui se joue de qui, dans quel but et sans savoir qui est le véritable l’ennemi de l’ami… si tant est qu’il est des amis dans ce milieu. Cela donne aussi une idée de l’oppression épouvantable vécue par des millions d’irlandais à une heure d’avion de chez nous. La fin est terrible et magistralement inattendue et jouissive.

Clive Owen (Trust) est excellent de conviction, face à une brillantissime Andrea Riseborough (Oblivion) fait montre de talent, d’émotion contenu et de colère rentrée. Aidan Gillen (Blitz), comme Domhnall Gleeson (Il était temps) sont parfaits. Etonannt de retrouver Gillian Anderson (Johnny English, le retour) en blonde platine, mais dont son redoutable talent est efficace. Brid Brennan est excellente, de même Barry Barnes, Stuart Graham (La taupe) et Martin McCann (Killing Bono). Quant à la jeune Maria Laird, elle est très marquante.