Etrange western d’Allan Dwan, réalisateur prolifique, qui nous entraine dans un thriller à suspens sur une ambiance lourde d’angoisse et pesante de suspicion et d’injustice insoutenable. Et pour cause, il décrivait en 1954 en pleine effervescence nauséabonde le mécanisme du maccarthisme dans ce qu’il y a de plus atroce, dont le doute n’est possible avec le personnage démoniaque Ned McCarty.
Le jour de son mariage, un homme respecté par toute la communauté d’une petite ville, quatre hommes patibulaires arrivent afin de l’arrêter pour meurtre. Ils se disent agents du sheriff fédéral, et produise un document apparemment officiel. D’abords incrédule, la population prend fait et cause pour leur ami, prêt à prendre les armes pour le défendre. Grace à des insinuations sans preuves, la suspicion et le doute fragilise les opinions, et lentement mais sûrement, tous les villageois se retournent contre lui, et c’est une chasse à l’homme à mort qui de déroule, libérant toutes les haines, convaincus de toutes culpabilités inimaginables. Quand à la fin de la journée, le calme est revenu, plus rien ne sera désormais comme avant, avec pire qu’un exile, une vie 
recluse au sein des autres qui sera encore plus terrible et solitaire, car le doute subsistera toujours. J’avoue sans peine ni honte avoir été très mal à l'aise dans cette histoire, où l’injustice criante est à hurler de colère, dans laquelle la connerie populaire est terrifiante. La mise en scène est d’autant plus insoutenable que jamais le réalisateur ne prend parti, filmant les événements presque comme un reportage en direct, d’un événement qui pourtant à la base n’aurait jamais du arriver à un tel paroxysme d’ignominie. C’est le meilleur exemple de ce qui se passe quand une dictature aussi sournoise se met en place, comme le maccarthisme à pu instaurer une période de terreur, où la simple désignation à la vindicte populaire de supposé coupable a réduit à néant, voir à mort, des milliers de vies professionnelles et personnelles.
La trame se passe sur quelques heures, dans une atmosphère d’abords festive et amicale, le jour de la fête de l’indépendance avec défilé et pique nique dans la joie et la bonne humeur, avec un mariage d’amour entouré d’amis sincères et de proches, pour en un instant se radicaliser dans le doute et se dégénérer en une tornade incontrôlable de violence inouïe et sans aucun fondement. La dernière image est épouvantable de tristesse qui fait froid au cœur.
Une très belle réalisation, avec des cadrages remarquables, dans un tourbillon sans issue de fuite vaine haletante pour se terminer en haut d’un clocher ou la cloche de la liberté est très symbolique du message qui est véhiculé.
Le casting est absolument superbe, avec John Payne complètement habité par son personnage, face à l’excellent et ignoble Dan Duryea. La jolie mais froide Lizabeth Scott est talentueuse, de même que la belle Dolores Moran qui mettant fin à sa carrière, est juste magnifique de passion sans jamais douter. Viennent ensuite avec une conviction communicative, Harry Carey Jr. et Robert Warwick, John Hudson et Morris Ankrum, Ralph Sanford et Edgar Barrier ou encore Frank Sully, Hugh Sanders et l’excellent Stuart Whitman.
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