Je compte sur vous

Sans en faire véritablement un biopic, mais à partir d’une histoire hélas vraie, Pascal Elbé, pour son deuxième long métrage, nous relate l’histoire de l’escroc Gilbert Chikli, en en faisant un peu trop dans la gaudriole, à la gloire admirative d’un voyou, qui tire d’ailleurs un pourcentage sur les ventes de ce polar thriller pastiche de mauvais gout, s’il ne vide pas les comptes de la maison de production, ce qui serait vraiment fun.

Petit escroc avec son frère, Gilbert Perez se voit proposer des téléphones portables aux numéros trafiqués. Il lui vient l’idée d’une arnaque en appelant une cadre financière d’une grande banque parisienne, se faisant passer pour un agent de la DGSE. Dans le cadre d’une fausse enquête sur un soit disant terroristes, il fait vider le compte en espèce sonnantes et trébuchantes, qu’il se fait remettre ni vu ni connu. Commence alors une séries d’escroqueries, qui d’Israël le mette à l’abri de toutes poursuites. Jusqu’à des complicités avec des mafieux locaux qui risquent de lui couter très cher.

S’il est vrai que les victimes sont de sacrées crèmes d’abrutis pour s’être fait rouler de cette manière aussi simple est tellement impensable qu’ils méritent l’opprobre, il ne faut pas non plus nous faire passer cette crapule pour un mec sympathique. Ainsi, tel que le récit est narré, il profite plus de la coupable naïveté des victimes. Grand guignol, il est présenté presque comme un génie. J’avoue que j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire tant j’ai été sidéré par le culot extraordinaire du malfrat, mais surtout par la bêtise crasse de ces cadres qui se laissent manipuler sans la moindre réflexion sur l’absurdité des appels qu’ils reçoivent, et auxquels ils obéissent. De même et peut-être surtout, des facilités à sortir autant d’argent en espèce ou par virements. Alors il est vrai que le talent et le bagout serait presqu’admiratif. Je regrette une réalisation de qualité téléfilm du samedi soir de série B, qui méritait meilleur traitement. Trop de répétitions de scènes interchangeables et quelques longueurs plombent le récit. Le regard sur le personnage est trop admiratif, jusqu’à cet appel fictif passé du commissariat qui ridiculise encore plus qu’il n’en était nécessaire.

En effet, inspiré de la vie de Gilbert Chikli. Cet escroc inventeur « génial » de l’arnaque au faux président, a sévit depuis Israël durant un an et demi, entre 2005 et 2006, et réussi à voler plus de 50 millions d’euros. Après enquête, si Gilbert Chikli a été condamné à sept ans de prison, il ne l’a été que par contumace. Réfugié en Israël, pays qui n’extrade pas ses ressortissants, il y vit tranquillement du fruit de ses arnaques.

Vincent Elbaz (Les recettes du bonheur) en fait un peu trop des tonnes, quand Zabou Breitman (Nous trois ou rien) est convaincante et amusante, ainsi que Ludovik Day. Julie Gayet (Quai d’Orsay) et Anne Charrier (On voulait tout casser), Lionel Abelanski (Magic in the moonlight) et Nicole Calfan (Un prince (presque) charmant), avec Catherine Mouchet (Le moine) et Dan Herzberg (11.6), ou encore Patrice Abbou et Léo Elbé, fils du réalisateur, sont dans la tonalité du récit.