Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 20:47

Je poursuis la 10ème édition opération « un dvd pour une critique » par Cinetrafic, avec ce documentaire Nous les enfants du XXème siècle de Vitali Kanevski.

Documentaire difficile qui, je dois l’avouer m’a mis très mal à l’aise, tant par le sujet que par la réalisation. Le thème, terrible en soit, nous fait découvrir une situation cauchemardesque dans la Saint Petersburg en 1993, peu de temps après la chute de l’union soviétique. En effet, Vatali Kanevski nous entraine plus particulièrement dans le monde des enfants des rues, totalement laissés pour compte et à l’abandon.

Le sujet est passionnant, tragique et révoltant. Nous suivons le parcours  de milliers d’enfants de tous âges, allant des petits mioches quasiment encore en couche culotte jusqu’aux ados. De voleurs de voitures, en cambrioleurs de magasins ou d’appartements, à mendiants et laveurs de parebrises, jusqu’au statut de racketteurs, ils deviennent vite des assassins sans scrupule, s’ils ne sont pas tués avant. Très rapidement, la loi de la jungle mafieuse s’impose, sans aucune solidarité, pour s’écraser par la loi du plus fort au détriment des petits et plus faibles, ou des filles qui passent pour beaucoup, rapidement de violées à prostituées. L’alcool et la drogue font leur part de dégâts et destructions, sans compter nombre de maladies. C’est une vision d’horreur qui nous est donc offerte, dans un monde de survie, où la société ne joue plus son rôle protecteur, mais seulement de répression. Ainsi, les prisons regorgent de milliers de petits délinquants jusqu’au grand banditisme avant leurs seize ans, qui se retrouvent dans l’autre jungle de la prison.

Ensuite, il y a la partie réalisation que je n’ai pas aimé. Je n’ai pas été spécialement choqué par les tractations et marchandages du réalisateur auprès des enfants, qui monnaient leurs témoignages par des chewing gums ou de l’argent, contrairement au ressenti du public à sa diffusion. Pratique peu convenable, mais très courante dans le métier. La réalisation, a respectée un script de 25 jours, tel un film de fiction, retirant le côté reportage, caméra au poing d’un vrai journaliste, mais pourquoi pas. Ce qui me dérange profondément, c’est l’attitude de Vatali Kanevski, qui nous la joue à la Michael Moore avant l’heure, avec ce côté hâbleur désagréable. Sa manière de se mettre en scène, avec cette gouaille particulièrement gênante est limite choquante. On a le sentiment d’une attirance, d’une fascination et d’une complicité qui semblent dire qu’il est avec eux. Parfois on se demande s’il n’en surajoute pas, pour parvenir encore plus à nous épater, rendant les gamins plus comédiens que réels. En effet, j'ai trouvé malsainent ses questions chocs, et son air goguenard et provocateur qui le rend antipathique. Il donne l’impression de vouloir jouer avec eux, d’être complice, comme envouté ou admiratif. Ironique à n’en pas douter, mais jusqu’à quel point ? Que cherche t-il réellement à nous montrer ? une réalité ou la sienne ? Je n’ai pas aimé le mélange docu-fiction, dont on ne sait plus ce qui est de l’ordre du reportage ou du film. La mise en scène est dérangeante, notamment dans la cellule avec les jeunes, filles et garçons, qui racontent en riant comment ils ont assassinés, jusqu’à des détails de cannibalisme, se terminant par des chants et des danses. Je ne comprends pas l’intervention des deux jeunes acteurs, ni ce qu’ils font là, ni leur intérêt, comme une sorte de farce à la réalité décrite, ou un clin d’œil pour nous dire que tout ça n’est qu’une vaste comédie.

Documentaire intéressant donc, mais pas exempt de questionnements et d’interrogations. J’ai un très grand regret, même si de fait, ça ne s’y prêtait sans doute pas, mais j’aurais aimé en savoir plus de vingt ans plus tard, ce que sont devenus ces enfants ? Quelle est la réalité aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a toujours autant de délinquance ou comment est-ce résorbé et traité ? J’aurais aimé une intervention du réalisateur pour nous parler de son film, de ce qui l’a animé, de ce qu’il en a retiré. J’ai ressenti une très grande frustration.

Les deux acteurs, Dinara Droukarova (360) et Pavel Nazarov avaient déjà joués pour Vatali Kanevski dans les films Bouge pas, meurs, ressuscite et dans Une vie indépendante.

Le film Nous, les enfants du XXème siècle de Vitali Kanevski, distribué par Potemkine, est disponible depuis le 2 avril 2013 en DVD dans la catégorie film prison. Il est proposé en version originale russe sous titré français. Il est également composé de bonus d’un entretien avec Esther Hoffenberg, productrice du film, qui raconte en détail les 25 jours de tournage, d’après une mise en scène planifié comme un long métrage.

Un grand merci à Cinetrafic, dont vous pouvez retrouver d’autres documentaires passionnants sur : http://www.cinetrafic.fr/bande-annonce, et à ses partenaires pour me faire partager leurs découvertes.

2 étoiles

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

Compteur

Notations

Notation

Liens