Respire

Pour son deuxième long métrage, Mélanie Laurent (Les adoptés) adapte le roman d'Anne-Sophie Brasme, qui l’avait tant marqué dans son adolescence, avec beaucoup de force et d’oppression sur la passion exclusive destructrice qui supplante la raison dans une ambiance sombre et violente de relations obsessionnelles dévorente sans limite.

A l’arrivée de Sarah, une nouvelle élève dans une classe secondaire, Charlie tombe sous son charme, sa forte personnalité et son bagout enthousiaste et prolifique. Très vite, les deux filles deviennent les meilleures amies du monde, occultant tous les amis de Charlie par une exclusivité totale. Une passion dévorante s’empare de Charlie pour Sarah jusqu’à l’obsession aussi peu réciproque mais qui profite de cette fébrilité, jusqu’à certaines découvertes qui vont transformer leur relation en un enfer que seule la passion peut faire endurer à ce point de non retour.

Lentement mais sûrement, se met en place une ambiance oppressante qui vire à la folie dévorante où toutes les humiliations et vexations du harcèlement n’auront plus de limite destructrice. Savamment distillé, nous sommes emprisonnés par l’atmosphère détestable qui plombe la vie de cette jeune fille qui s’isole de plus en plus dans un enfermement de passion et de martyre que seuls les sentiments peuvent à ce point accepter l’inimaginable. J’ai beaucoup aimé l’ambiance et le terrible jeu qui se joue, d’autant qu’il est excellemment bien interprété par des actrices hors paire. La réalisation nous mène avec fatalisme dans le piège de la passion avec efficacité, que ce soit des jeunes filles, ou de la mère pour son connard de mari. La lise en scène, met en place judicieusement les parallèles à plusieurs niveaux des ressentis de chacun, sans jamais prendre parti dans une neutralité d’autant plus forte dans la démonstration, intelligemment évoqué dès le début en cours de classe et que la mise en œuvre met mal à l’aise.

Joséphine Japy (Cloclo) est excellente de force de conviction, face à la magnifique Lou de Laâge (Jappeloup) extraordinaire, dégagent toutes les deux une puissance de jeu qui hante longtemps. Isabelle Carré (Cheba Louisa) est une fois encore brillante, de même que l’excellente Roxane Duran (Michael Kohlhaas) toujours aussi émouvante. Thomas Soliveres (Les gamins), comme Claire Keim (The girl), ou Radivoje Bukvic (Goodbye Morocco) et Carole Franck (Hippocrate), Camille Claris et Louka Meliava (La belle et la bête), mais aussi la belle Louise Grinberg (17 filles) et Fanny Sidney (Populaire), Alejandro Albarracín et Marie Denarnaud (Ouf) mais aussi Anne Marivin (SMS) donnent le meilleur pour une belle réussite.