Un très grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir cet excellent western inédit en France, réalisé en 1954 par Phil Karlson, pour une vision progressiste et pro-amérindien qui remet les pendules à l’heure sur le comportement des militaires.
En 1860, aux abords du fort McCullogh en Arizona, le major Vandegrift est légèrement blessé à la jambe lors d’une attaque d’un guerrier Kiowa renégat. Il meurt par la faute de l’incompétence du docteur alcoolique Gibson qui est révoqué. Un jeune médecin est envoyé, le lieutenant Allen Seward, qui arrive en même temps que Martha la femme du colonel Ethan Waters et leur nièce Laurie MacKaye. Suite au vol de carabines, une enquête est menée sans ménagement à la réserve des Kiowas par le capitaine Peter Blake, où le jeune médecin découvre les horribles conditions de vie de la population qui meurt de la malaria.
En s’occupant d’un jeune garçon, fils de Manyi-ten, Seward devine qu’elle est blanche. Sa sympathie humanitaire pour les indigènes que seule partage le docteur avec Laurie, qui le met dans une position suspecte pour les militaires. Quand les comanches s’allient aux kiowas pour une attaque contre le fort alors que la garnison est affaiblie par l'épidémie.
S’il ne s’agit sans doute pas du meilleur western en la matière, il n’en reste pas moins vrai d’une très bonne facture, et une excellente surprise à plus d’un titre. L’originalité de l’histoire, avec un angle différent de ceux auxquels nous sommes habitués, avec le regard d’un jeune médecin face à l’imbécilité des militaires, mais aussi pour sa prise de position pro-amérindienne qui entre dans le mouvement amorcé depuis peu alors.
En effet, après des décennies d’une propagande américaine dénigrant les natifs au profit des fondateurs, des colons et à la gloire de leur armée et de ses sbires massacreurs d’indien, et des chasseurs de scalps, Leo Katcher suivait le mouvement progressiste de Delmer Daves avec La flèche brisée en 1950, suivi par George Sherman Tomahawk en 1951 et Anthony Mann avec La porte du diable, et Bronco apache en 1954 de Robert Aldrich.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce film, simple et efficace, malgré quelques défauts, qui montre la situation des camps de la mort, ces fameuses réserves indiennes, sans nourritures et sans soins qui vit la mort de dizaines de milliers de civils. Rarement, un western n’aura à ce point montré le vrai visage des militaires et la nature de leur mission.
Certes, un peu légères les scènes de batailles, mais de belles qualité cependant dans leur exécution, et un très beau message. De même, la très belle vision de cette jeune blanche, recueillie et non captive, montrant l’humanité de ces « sauvages ». Une belle réalisation, soignée et maitrisée, avec des interprètes alors peu connu, et malheureusement pour l’acteur principal mort l’année suivante à 25 ans dans un accident d’avion.
Avec Robert Francis et les jolies Donna Reed (La vie est belle) et May Wynn, Philip Carey, Onslow Stevens et Peggy Converse, Roy Roberts, Jack Kelly, Stuart Randall et Eugene Iglesias, Frank DeKova, John War Eagle et Ralph Dumke, James Best et Myron Healey.
Le film La ruée sanglante de la collection Westerns de légende, distribué par Sidonis Calysta et sa page Facebook, est disponible en DVD dans les meilleurs bacs depuis le 23 janvier 2018. Il est proposé en version originale anglaise sous-titrée français, et audio français. Dans les suppléments, la présentation passionnante du film par Patrick Brion et par François Guerif.